Mieux
vaut en parler tout de suite et passer à l’essentiel après : j’avais une
double crainte en abordant la lecture de ce livre : moyennement apprécié
le tome I et pas du tout aimé le/la pseudo-interview de l’auteur concernant le
tome 2, s’égarant une fois encore dans un règlement de compte qui n’augurait
rien de bon pour la suite !
Mais en toute chose, il faut
savoir raison garder n’est-ce pas ? Des auteurs peuvent se montrer
ponctuellement (ou d'autres, continuellement ) désagréables, sans pour autant présenter un
mauvais travail, loin s’en faut, nous l’allons constater.
Auparavant, redécouvrons
l’historique du manuscrit, ainsi que nous le rapporte un des spécialistes du martinisme
et de Saint-Martin en particulier (ICI), Dominique Clairembault :
« Le « Manuscrit d'Alger », conservé à la Bibliothèque
nationale sous le titre Manuscrit des Élus Cohens (cote FM4 1282), est l'un des
documents élus coëns les plus importants qui nous soient parvenus. Il s'agit
d'un manuscrit de grand format, relié cuir, de 134 pages couvertes d'une
écriture parfois difficile à déchiffrer, regroupant essentiellement des
documents rituels. Il fut découvert par Marguerite Benama, qui le confia à
Robert Ambelain vers 1955. Ce dernier le gardait jalousement, empêchant
quiconque de l'étudier, attitude qui alimentera bien des phantasmes…Ce n'est
qu'en mai 1993, soit quatre ans avant sa mort, que son propriétaire déposa le
manuscrit à la BnF. S'il
devenait enfin accessible, une clause interdisait toutefois qu'on puisse en
obtenir une reproduction. Cette clause fut levée quelques années plus tard ».
Présentation de Thierry-E.
Garnier, Directeur des Éditions Arqa (ICI) :
« Depuis
le XVIIIe siècle Le Cahier Vert ou Manuscrit d’Alger, fait l’objet de bien des
attentions de la part de nombreux chercheurs et éditeurs. Malgré ce, aucune
édition n’avait encore vu le jour. Les Éditions Arqa sont donc heureuses de
présenter, pour la première fois, dans une publication exhaustive, avec une
étude critique qui fera date, ce document exceptionnel conservé à la BnF, qui met en lumière toute
la théurgie des Élus Coën. »
Suivi d’un extrait du préfacier, sur
un ton très «amadounien », Rémi Boyer, Directeur du C.I.R.E.M. (ICI):
« Si la fonction sacerdotale est première, elle reste corrélée pour Martinès de Pasqually à la fonction chevaleresque. Les qualités requises pour le combat, en particulier l'éthique chevaleresque, sont indispensables à la paratique du culte. Le corpus martinésiste n'est pas toujours pacifiste. S'il est question de paix, c'est de la paix du Christ, non celle de l'homme. [...] La clef de l’étude et, surtout, de la mise en œuvre des textes
rassemblés ici réside dans la saisie de l’esprit à travers la forme et dans le respect
non conditionné de la forme au sein de l’esprit. Lévinas nous a enseigné que
l’important n’est pas ce que veut dire un texte, mais ce qu’il peut dire ».
Historiquement, la première ligne
de transcription a vu le jour en… 1996 ! Georges Courts faisait partie de
cette équipe de pionniers sous la houlette de Robert Amadou, puis termina seul
ce travail colossal.
Ce tome 2 me réconcilie avec le
précédent. Pour ma part, je trouve et ce n’est absolument pas réducteur, que
l’auteur s’y dévoile davantage technicien qu’historien (qu’il est, je ne mets
pas en doute). Il a colligé scrupuleusement le manuscrit et met en garde
l’imprudent (et l’impudent) sans armure qui se lancerait dans l’opératif. Il
est vrai que chauffée « au rouge » ou « au blanc »,
l’incandescence produite pourrait bien être fatale au chercheur irraisonnable. Certes,
mais…bien ténue est la ligne-frontière avec le raisonnable et aucun « certificat
d’études ou Brevet professionnel » n’est délivré – à ma connaissance – pour expérimenter !
Enfin, tout ceci ne l’oublions pas, pour s’approcher au plus près
soit-il-possible de La Chose…
Effectivement les découvertes
sont au rendez-vous et les vignettes nombreuses, soigneusement reproduites.
Je n’évoquerai pas l’étude
critique opérée par Georges Courts et ce pour deux raisons. D’abord et surtout par considération, parce je suis loin, très loin d’être aussi expert que lui en la
matière; ensuite parce qu’il me serait difficile de faire miens certains de ses postulats. Pas davantage et même encore moins, je déflorerai la Conclusion, aussi surprenante que sagace, à moins qu'elle ne soit tout simplement astucieuse...
Un livre utile et nécessaire
donc, à manier avec les précautions de bon usage.
Ce sont bien évidemment les
Éditions Arqa qui publient et j’ai déjà évoqué ici la grande qualité des
productions de cette maison : de haute facture, et je bisse : « perfection
et la rigueur dans son domaine, par la qualité exceptionnelle de ses
productions. Un bel ouvrage d’artiste » !
Le Grand Manuscrit d'Alger, Georges Courts, Marseille, Arqa éditions, 2013, 435 p.
Les Éditions Arqa, c'est : ICI