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Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

samedi 3 octobre 2015

Série : Grandes figures du passé, Robert Amadou.





Robert AMADOU, 1924-2006



Il y a quatre ans, le 14 mars 2006, Robert Amadou rejoignait à l’Orient Éternel, un nombre impressionnant de personnalités qu’il avait côtoyé tout au long de sa vie*. Son activité incessante et ses approches diverses, ses multiples découvertes et ses écrits font de lui un personnage incontournable (Qui qu’en grogne…) du paysage ésotérique (occultiste aurait-il préféré ?). Son souvenir demeure et ses amis se regroupent, tandis qu’éructent dans la pénombre quelques refoulés, plus courageux aujourd’hui qu’hier à outrager sa mémoire et contester son œuvre. L’homme, certes, n’était pas toujours facile, et quelques de ses compagnons de route ont souffert de ses brouilles, pour certains jusqu'à la rupture : lui-même très fidèle, il ne supportait pas la trahison (mais qui la supporte ?) et combien se reconnaissent sinon comme adeptes au moins comme débiteurs ? Qui pourrait prétendre n’avoir acquis aucun bagage, découvert nulle chose jusque-là enfouie, et pour beaucoup, trouvé en lui le grand-frère qui les a mis sur l’une des voies (sans jamais en imposer une) menant à une plus grande lumière ?

Quand à l’homme de coeur,  d’Église, Robert Amadou loin de se contenter d’un honorariat, exerça réellement son sacerdoce, donnant les sacrements, célébrant la messe et son divin sacrifice, visita les malades et les pauvres.

Qui est-il ?

Il naît à Bois-Colombes, le 16 février 1924 et nous ne connaissons rien de sa jeunesse, si ce n’est qu’il se découvrit très tôt une passion pour l’astrologie, dès l’âge de 14 ans. Il ne s’en écartera jamais. De Nostradamus jusqu’à André Barbault, il s’inquiètera de tout et parfois s’insurgera, car il considérait « qu’il n’est d’astrologie que prévisionnelle, sous réserve de qualifier potentiel-permutable ou actuel-immuable, ce qu’on annonce : le futur qu’ont dit comme tel ». Homme de lettres, Professeur, Prêtre orthodoxe-oriental, il ne cessera de s’activer pour la Cause, de s’impliquer pour la Chose.
Avertissements de lecture :
- Une biographie complète de ses œuvres nous parait difficile dans le cadre de cet article. Elle est par ailleurs disponible sur d’autres sites. Nous ferons date tout de même des œuvres majeures.
- Une majorité des événements relatés ci-dessous sont puisés dans la biographie que lui a consacré Serge Caillet (Revue L’Initiation, 2/2006, ou blog http://sergecaillet.blogspot.com/)
- Partant, notre modeste intervention ne prétend d’aucune manière présenter une biographie exhaustive, loin s’en faut !


  • 1937/1941 : Études secondaires, au collège jésuite de la rue de Madrid à Paris.Puis de 1941/1944, licence et Diplôme d'études supérieures de philosophie (Sorbonne) et deux ans à l'Université de Yale.
  • 1942 : A 18 ans, le 6 juin, dans l’urgence et les circonstances de la guerre, il reçoit en 4 mois les trois grades d’Associé, Initié et Supérieur Inconnu-Initiateur. Il prend pour nomen Ignifer. Initiation transmise par Robert ambelain, qui lui-même la tenait de Meslin (Sâr Harmonius), filiation  qui vient probablement de Georges Lagrèze (Sâr Mikaël) et Augustin Chaboseau (OMT), dans une sorte de préfiguration de la résurgence qui suivra en 1943.
  • 1943 : Le 7 mars, il donne sa première conférence publique, Ce grand méconnu, l’abbé Paul Lacuria, sage de Dieu. Le 6 juin, il reçoit la Lumière maçonnique, à la loge clandestine Alexandrie d’Egypte (Robert Ambelain), rite de Memphis-Misraïm.
  • 1944 : Consacré Evêque gnostique par Henri Meslin dans l’église de Jules Doisnel.- : Ordonné Réau-Croix. 
  • - : Admission dans l’O.K.R.C., Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix (filiation Ambelain).
  • 1945 : Ordonné prêtre dans la succession syrienne de Saint-Pierre.
  • - : Victor Blanchard (Tau Targelius), consacre Evêque Robert Amadou (Tau Jacques), en compagnie d'Edouard Gesta.
  •  - : 11 septembre, fondation des Amis de Saint-Martin (avec Paul Laugènie et Edouard Gesta, plus tard en 1972, Léon Cellier).
  • 1946 : Premier ouvrage d’une longue série, Louis-Claude de Saint-Martin et le Martinisme, Éditions du Griffon d’Or.
  • 1952 : « Participe » aimait-il dire (sans être membre) au réveil par Philippe Encausse de l’Ordre Martiniste, dont il devient  en 1975 Grand Orateur.
  • 1953 (mais peut-être l'année précédente) : Membre de l’Institut Métapsychique International, il organise en juillet et Aout le Colloque International de Parapsychologie à Utrecht. Direction de la Revue métapsychique jusqu'en 1954.
  • 1955 : Lancement de la revue La Tour Saint-Jacques.
  • 1961 : Exhumation et édition du Portrait historique et philosophique [de Louis-Claude de Saint-Martin] chez Julliard, du Cahier des langues. Suivront les Pensées mythologiques, Les fragments de Grenoble, etc.
  • 1972 : Doctorat ès lettres et sciences humaines, avec mention « très honorable », Paris X.
  • 1974 : Edition dite du bi-centennaire, du Traité (de/sur) la réintégration des êtres, chez Dumas.
  • 1975 : Promoteur aux éditions OLMS des Œuvres majeures de Louis-Claude de saint-Martin. Chaque volume contient une longue préface (une étude dirions-nous) dont l’ensemble constitue un cours de martinisme de très haute tenue.
  • 1978 : Invention du fonds Z, découverte majeure (papiers personnels de Louis-Claude de Saint-Martin). La somme de manuscrits est importante, la source ombrageusement gardée, la localisation actuelle inconnue.
  • - : Adoubé C.B.C.S. depuis le 7 mai 1966 à la Grande Loge  Nationale Française Opéra, il devient membre, jusqu'à sa mort, du Grand Prieuré de la  Grande Loge Suisse Alpilna (Loge In Labore Virtus, Orient de Zurich) et du Grand Prieuré d'Helvétie.
  • 1979 Colloque à Tours, Présence de Louis-Claude de Saint-Martin, organisé par la Société Ligérienne de Philosophie. Ceux qui eurent le privilège de l’entendre, n’oublieront jamais son intervention, Saint-Martin fou à délier !
  • 1984 : Doctorat en ethnologie, Recherches sur l’histoire et réflexions sur la doctrine d’une Société initiatique en Occident moderne : La Franc-Maçonnerie. 
  • - : Parraine la création de l'Institut Éléazar (Serge Caillet, directeur), dont il est Président d'Honneur.
  • 1992 : Création, avec Rémi Boyer du C.I.R.E.M. (Centre International de recherches et d'Etudes Martinistes).
  • 1993 : Édition du Traité sur la réintégration des êtres, en fac-similé, de l’exemplaire-autographe de Louis-Claude de Saint-Martin, suivie de l’édition critique de 1995, chef d’œuvre, devenue l’ouvrage de référence en la matière…
  • 1999 : Membre du Comité d'Honneur de la Société Martinès de Pasqually (Bordeaux).
  • Années suivantes : De l’édition Des leçons de Lyon (1999), aux divers chantiers qu’il besognait, (dont le Manuscrit d’Alger, de triste sort, et dont il se retire du projet d'édition chez Dervy en 2003) Robert Amadou s’appuyait de plus en plus sur son épouse Catherine, laquelle demeure fidèlement attachée à poursuivre l’œuvre (un volume vient de paraître chez Olms)
  • 2006 : Après une convalescence difficile, semi-agrémentée par un séjour à Honfleur qu’il a aimé, Robert Amadou à rejoint l’Orient Éternel le 14 mars. Après une cérémonie émouvante en l’Église Syriaque Orthodoxe de Montfermeil, sa dépouille terrestre a été inhumée au Père Lachaise.

* Inouï ! Une liste est en cours d’élaboration, je crois. Robert Amadou était le dernier géant qui a cotoyé le who’s-who occultiste de son temps, mais aussi de presque tous les survivants de la Belle-Époque.

Bibliographie succincte :

• 1946 - Louis-Claude de Saint-Martin et le martinisme, Le Griffon d’Or
• 1950 - L’Occultisme, esquisse d’un monde vivant, Julliard
• 1950 - Anthologie littéraire de l’occultisme (avec Robert Kanters), Julliard
• 1951 - Eloge de la lâcheté, Julliard
• 1953 - Raymond Lulle et l’alchimie, Le Cercle du Livre
• 1953 - La Poudre de sympathie, un chapitre de la médecine magnétique, Ed. Gérard Nizet, 1953
• 1954 - La science et le paranormal - 1er colloque international de parapsychologie, numéro double de la Revue Métapsychique   
• 1954 - La parapsychologie, Denoël
• 1956 - La Parapsychologie et le colloque de Royaumont - La Tour Saint-Jacques, numéro 6-7
• 1957 - Les Grands Médiums, Denoël
• 1958 - La Télépahie, Grasset
• 1969 - Trésor martiniste, Éditions traditionnelles
• 1986 – Saint-Martin, fou à délier, in Actes du Colloque de la Société-Ligérienne, Présence de Louis-Claude de Saint-Martin.
• 1987 - Occident, Orient, parcours d’une tradition, Cariscript
• 1989 - Illuminisme et contre-illuminisme au XVIIIe siècle, Cariscript
• 1991 - Le soufisme même, Ed. Caractères
• 1999 – Les leçons de Lyon aux élus coëns, Dervy.

Création de revues :

 La Tour saint-Jacques, Les Cahiers de l’Homme-Esprit, 
 Bulletin Martiniste (devait être suivi de Gnostica)


Sources :

- Serge CAILLET, Robert Amadou, in l’Initiation 2/2006, pages 88-100.
- du même, Robert Amadou, L'eglise gnostique et l'Eglise catholique libèrale, pages 92-96 in les Cahiers Verts, N°3 nouvelle série, 2008.
-Lettres de Prahecq, Octobre 1992, Qui-es-tu Robert Amadou ?

Illustration :
Composition personnelle, d'après un portait surmultiplié d'éditions sur internet ! Je serais très en peine de référencer la source officielle ! Serge Caillet indique qu'elle a paru une première fois dans la Revue Sources vers 1986, puis reprise par Robert Amadou lui-même à la publication de son livre Occident, Orient (voir bibliographie) l'année suivante.

4 commentaires:

  1. Je remercie Catherine Amadou, qui prenant très récemment connaissance de cet article, m'a fort généreusement apporté détails, informations et rectifications utiles.

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  2. yonnel ghernaouti27 mars 2012 à 14:05

    Merci Robert pour tout ce que tu nous as si généreusement donné.
    Et merci à Jacques pour cet hommage.
    Très fraternellement.

    yonnel ghernaouti

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  3. C'est moi qui te remercie mon frère Yonnel !

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  4. Au-delà des critiques ( ''certains parlent plus qu'ils ne verbent"), l'élève Robert Amadou a dépassé, de très loin, son "maître", l'autre Robert. Son Amour du Divin s'apprécie dans le silence et son penchant pour la précision, chirurgicale des idées, des mots, des textes sont innommables, divins, bonnement "jésuitiques". Il mériterait une place plus grande, au-delà d'un Guénon par sa Foi en Christ et par sa gnose . Il a, en tout cas une place dans nos coeurs, ceux qui le méditent ou le méditeront, trouveront des articles incontournables, profondément lumineux, à l'interne. Robert Amadou avait tant raison...."quoiqu'en grogne"; osons et gno-osons le dire.
    Merci à lui, merci à Mme Amadou et bien sûr à M. Courtois

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