Depuis quelques semaines, sur mon
journal facebook, je constate un regain d’examens de conscience, assortis du
désir de faire retraite chez quelques « amis », pour certains il est
vrai un peu trop périodiquement. Bref, de se retirer de ce mode d'expression et de communication.
Harassement, lassitude, ou en mal
d’amour, de reconnaissance ?
Je les crois sincères et… naïfs,
mais je précise immédiatement : comme moi !
Je pense qu’ils mettent la barre
trop haute, attendent trop de cette « amitié-électronique » et que forcement,
la désillusion ou même la dégringolade est directement proportionnelle.
Qu’observons-nous :
- La masse du peloton : De braves personnes mais aussi et surtout des curieux, des collectionneurs, des opportunistes, des provocateurs et des infiltrés pour se tenir « au courant » des tribulations adverses.
- Viennent ensuite ceux qui par affinités (politiques, culturelles, philosophiques) s’inscrivent mais qui n’interviennent jamais ou presque : aucun like ou si peu, aucun partage, le néant. Comment pourrait-il en être autrement : ils atteignent tous ou presque le chiffre plafond de 5000 amis et simplement en ouvrant leur page, ils sont noyés d’une multitude de post qu’ils ne prennent pas le temps de lire - on le comprend – à moins qu’ils ne soient interpellés par l’illustration et likent sans prendre la peine de lire le texte d’accompagnement.
- Les précédant, une échappée que l’on peut diviser elle-même en deux catégories :
- 1 : Des amis à géométrie variable, parfois (mais rarement) des je-t’aime-moi-non-plus
qui n’hésitent pas à vous planter un poignard dans le dos dans une autre
discussion (et hèlas, quelquefois sous un autre nom) si vous déviez de leur
pensée, de leur vision. Il y a aussi
ceux qui se maintiennent en dépit que vous les avez peut-être déçus, la force d’habitude est la plus forte, alors on continue, mais il ne
faut plus compter sur eux… De temps en temps une risette, une vacherie et
puis hop, à plus tard peut-être suivant les circonstances ou l’intérêt.
Probablement que le nombre d’inscrits
amis facebook va singulièrement diminuer ces prochains jours (encore faudrait-il que ceux-là me
lisent), au moins je n’aurai pas à sanctionner leur absence. Je ne crains pas cette hémorragie : j'ai rarement sollicité, toujours accepté les demandes.
- 2 :Enfin les vrais, le bons, les purs. Une bonne quarantaine (peut-être davantage je ne tiens pas de comptabilité), qui interviennent sinon quotidiennement,
en tous cas plusieurs fois par semaine ou par mois qu'importe, avec qui le dialogue (même
contradictoire) est possible, l’enrichissement certain, le soutien
indéfectible.
- Hors catégorie, une demi douzaine (la liste n’est pas close) avec qui j’ai librement accepté ou demandé une rencontre physique et que j’ai donc sortis de la catégorie facebook : je n’ai jamais eu de déception à ce jour et je me félicite que ce réseau social m’en ait fourni l’opportunité. Ainsi donc, facebook n’est pas inutile du tout, je n’aurai sans doute jamais fait leur connaissance sinon. Et ce n'est pas fini, du moins je l'espère.
J’ai naguère, sur ces colonnes,
traité plusieurs fois de ce sujet, avec plus ou moins de bonheur je le concède,
ce qui m’a valu plus ou moins de critiques bonnes comme mauvaises, je les accepte sans distinction. Peut-être même ai-je écrit ci-dessus
quelques contradictions, je ne sais, car je n’ai pas relu ces interventions, je
privilégie toujours le meilleur moment de ma vie, celui de l’instant présent.
Re bonjour,
RépondreSupprimerAprès mon "like" qui date un peu, un p'tit tour pour un commentaire un peu plus développé (mais pas trop développé, sinon ce n'est plus un commentaire mais une thèse ! :-) Allez, j'essaie de faire court.
Je suis actuellement en cours d'écriture d'un article sur la Toile et les réseaux sociaux en général et sur Facebook en particulier. C'est un sujet qui m'intéresse.
La Toile : incarnation abstraite (dans le sens où l'objet existe et a été créé de l’esprit d’un homme, mais cette existence se situant dans un champ invisible) d’un paradoxe entre l’objectif premier de sa création d’une ouverture au monde et l’enfermement d’une certaine manière dans un système complexe : cette Toile virtuelle porte bien son nom, elle peut lier, relier, par affinité, par valeur, par qualité, mais aussi cloisonner, emprisonner et perdre quiconque s'aventure sans but précis, sans décodeur et sans équipement de sécurité dans le labyrinthe de ses cheminements qui semble se déplier et se démultiplier à l’infini - ce champ de tous les possibles est à la fois excitant et flippant...
Je retrouve dans votre publication des observations communes, qui finalement relèvent d'une question toute simple : à quels besoins humains répondent ces réseaux sociaux ? Besoins tant au niveau de ce que les utilisateurs déposent qu’au niveau de ce qu’ils viennent chercher (je nous inscris aussi dans le lot !) Qu'attendons-nous à trouver sur ces réseaux, que recherchons-nous, qu'espérons nous des autres ?
A partir de ces questions peuvent se hiérarchiser des types d'utilisateurs (vous en avez cerné une partie) et se décliner plusieurs thématiques ou problématiques sociales et sociétales révélées par l'étude des comportements sur ces réseaux. Comportements qui viennent en résonnance des manques et des besoins exprimés inconsciemment ou verbalisés indirectement.
L’intrication des réseaux sociaux dans la Toile interroge aussi la dimension temporelle, l’éloignement géographique, les limites du corps, de la pensée et de la psyché… les frontières entre soi et les autres, ne sont plus envisagés comme des freins ou des concepts définis. Il y a de la confusion et de l'amalgame entre les intentions et les faits, la réalité et la rumeur, la vie à soi et celle des autres, et un risque de contagion au vu de la vitesse de propagation des informations, de l'interpénétration des espaces d'intimité.
De l'illusion de relations sans risque où l'absence du regard de l'autre (regard qui ne pèse plus sur soi et ne joue plus son rôle de témoin, contrôle ou censure) n’amène aucune confrontation physique la parole se libère et la naissance d’une nouvelle forme d’expression émerge, libérée des contraintes ou codes de la morale ou de l’éthique. Le recours au pseudonyme ou à l’anonymat devient une forme nouvelle et normalisée d’irresponsabilité assumée.
Il y a bien sûr des précisions et des nuances à apporter à mes propos… ☺
Je pense qu’il ne faut pas chercher ni espérer plus que ce que les utilisateurs peuvent apporter sur ces réseaux, les poisons et les défauts de notre espèce y côtoient les qualités les plus élevées. Chacun peut trier et puiser dans ce vivier qui constitue un formidable nuancier de nos humanités ce dont il a besoin à un moment donné. Une chose est sûre : ces réseaux nous font de l'effet !! (et là, je dis pouf-pouf-pouf... affaire à suivre ! :-) Et si cela vous dit, on peut continuer à en échanger.