1868-1946
Homme de lettres, journaliste, historien. Où est-il écrit que Pierre-Augustin Chaboseau fut le co-fondateur de l’Ordre Martiniste et que son action fut déterminante dans cette oeuvre, Gérard Encausse en étant certes le promoteur principal ? Une seule biographie à ce jour, Christian Rebisse, "Pierre-Augustin Chaboseau (1868-1945) - un serviteur inconnu", revue Rose-Croix, n° 163, 1992, p. 28-37, et quelques articles dont les références sont indiquées en fin de page, "sources". La direction d’un mouvement ou d’une société est rarement bicéphale, et lorsque c’est le cas, l’association ne manque pas d’être mal équilibrée, ne tarde pas à faiblir et bien souvent à provoquer scission quand ce n’est pas disparition ! Papus était d’une autre trempe, d’une autre ambition que cet homme discret et courtois, intègre et fort cultivé. Pierre-Augustin Chaboseau reste pratiquement dans l’ombre du Suprême Conseil et serait oublié aujourd’hui s’il n’avait relevé le flambeau en 1931, avec l’Ordre Martiniste Traditionnel.
Qui-est-il ?
Il nait a Versailles le 17 juin 1868, au sein d’une famille noble, dont les racines poitevine et bretonne sont attestées par les titres dont il pourrait légitimement se prévaloir : Marquis de la Chaboissière et de Langlermine, comte de Kercabus, Kerpoisson, de la Morinière, Trévenégat, la Bélinière, la Pommeraye, baron de la Borde, L'Atrie, le Poreau, Rivedoux, seigneur de la Fuye ! Sans fortune, la famille suivit en garnison le père, Auguste-Marie, officier de carrière. Il s’intéresse très tôt aux Textes-sacrés, à la musique, au spiritisme et devient par acharnement, polyglotte (16 langues et dialectes).
• 1882 : Elève au Lycée du Mans, il se distingue déjà par ses facultés exceptionnelles des langues mortes, latin et grec, simultanément l’anglais et l’allemand.
• 1886 : Faculté de médecine à Paris. Il s’essaie à l’écriture avec succès, publie plusieurs nouvelles. Passionné par le boudhisme, il devient rapidement l’adjoint du directeur du Musée Guimet que fréquente Alexandra David (Neel). Il fait surtout la rencontre de sa vie, la Marquise de Boisse-Mortemart, qui l’initie au martinisme. Il devient Supérieur-Inconnu à 18 ans ! Sur la filiation ininterrompue jusqu’à Louis-Claude de Saint-Martin, n’entrons pas pour l’instant dans le débat, nous y reviendrons plus tard.
Grace à Gaëtan Leymarie (1817-1901), rédacteur en chef et le directeur de la Revue Spirite le présente au « tout Paris de l’ésotérisme », citons Villiers de l’Isle-Adam, Bourdelle, Victor-Emile Michelet, Maurice Barrés, mais aussi Charles Barlet, Lucien Mauchel ; mais surtout, il fait la seconde grande rencontre de sa vie, Gérard Encausse déjà connu sous le nom de Papus. Rapidement, les deux hommes vont se découvrir un intérêt commun, Louis-Claude de Saint-Martin et ils décident d’échanger les initiations reçues, Boisse-Mortemart et Desbarolles pour Augustin Chaboseau et d’Henry Delaage pour Papus.
Tordons le cou du canard dès cet instant pour n’en plus parler : Robert Amadou a brillamment démontré la fantaisie que de prétendre à une filiation remontant à Saint-Martin. Ce débat qui agite historiens et mythes-fondateurs des ordres martinistes est trop vaste pour entrer dans cette simple notice, quitte à décevoir ceux qui persistent dans cette conviction.
• 1889 : Collaboration à la revue l’Initiation.
• 1890 : Création de l’Ordre Martiniste. Il renonce à la médecine et se consacre désormais à l’écriture.
• 1890 : Création de l’Ordre Martiniste. Il renonce à la médecine et se consacre désormais à l’écriture.
• 1891 : Création du Suprême Conseil, organe directeur de l’Ordre, dont il devient l’un des 26 membres.
• 1892 : membre de l’Ordre intérieur, la Chambre de Direction de l'Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix.
• 1893 : Se met en congés du Suprême Conseil tout en conservant sa place et son rang. Il se consacre aux Lettres, devient conférencier et traducteur-interprète. Au cours des années suivantes, il va donner des cours de législation ouvrière.
• 1900 : Il collabore dans plusieurs revues scientifiques.
• 1902 : Il épouse une féministe, Rosalie Louise Napias. Il publie de nombreux ouvrages dans le domaine social.
• 1911 : C’est naturellement qu’il entre en politique et devient secrétaire du député Pierre Goujon.
• 1913 : Adhésion à la Société pour la protection des paysages de France. Débute une collaboration ininterrompue jusqu’en 1934, avec Le Figaro où il assure deux chroniques régulières, Le Temps et le Bulletin de la société pour la protection des paysages de France.
• 1914 : Réformé du service militaire, il devient le secrétaire d’Aristide Briand, Avocat, socialiste modéré, 11 fois Président du Conseil et 15 fois ministre… Belle époque !
• 1919 : Membre du Comité-directeur de la Société pour la protection des paysages de France. Ayant publié deux ouvrages… en serbe, il est décoré Commandeur de l'Ordre de Saint-Sava par le Prince-régent Alexandre de Yougoslavie. Il fréquente les loges du Droit-Humain (c’est naturel, au regard des idéaux de son épouse) mais aussi du G.O.D.F. (Grand-Orient de France).
• 1922 : Collaboration jusqu’en 1929 au Mercure de France.
• 1930 : Adjoint de Direction au Musée Historique Archéologique d'Ile de France, Château de Sceaux, dont il avait sauvé le parc en 1923. Du perron, il voyait la demeure du Sénateur Lenoir-Laroche où Louis-Claude de Saint-Martin rendit le dernier soupir le 14 octobre 1803 !
• 1931 : L’Ordre fondé par Papus est en sommeil depuis la première guerre mondiale, plusieurs prétendants se présentent mais dénaturent le martinisme. A un tel point, qu’en réaction de fidélité, Augustin Chaboseau, survivant du Suprême-Conseil, réveille l’Ordre dont il confie la Grande-Maîtrise à son ami Victor-Emile Michelet jusqu’à sa mort survenue en 1938. A cette date, il lui succède jusqu’à sa propre disparition. Pour bien affirmer son attachement à l’Ordre de 1890, il ajoute le mot « traditionnel », l’O.M.T. véritable résurgence à laquelle d’ailleurs adhérera un temps le Docteur Philippe Encausse, fils de Papus, en dépit de dénégations récentes sur la réalité du fait.
Source-document : site fortunecity.com, affiché en mode sépia par l'auteur.
• 1939/1945 : Assisté par Jeanne Guedon, sa secrétaire administrative, il maintient (autant que faire se peut) l’O.M.T. dans la clandestinité.
• 1946 : il s’éteint le 2 janvier 1946 à son domicile parisien.
Homme exceptionnel, carrière exceptionnelle !
L’Ordre Martiniste Traditionnel, malgré une dissolution (française) contestable (on se loue, mais à tort de la lettre – exemplaire de probité, il est vrai – de Jean Chaboseau) se poursuit grâce à l’extension américaine, patente régulière octroyée à Ralph Maxwell Lewis à la veille de la seconde guerre. Après son developpement mondial sous l'égide de l'A.M.O.R.C., c’est probablement aujourd'hui la plus importante obédience martiniste.
Illustrations:
Portrait et patentes publiés par http://roggemansmarcel.fortunecity.com/mart2.htm
Sources :
-CAILLET, Serge, Sar hièronymus de la Fudosi, Paris, Cariscript, 1986, 119 p.
-REBISSE, Christian, - "Pierre-Augustin Chaboseau (1868-1945) - un serviteur inconnu", revue Rose-Croix, n° 163, 1992, p. 28-37.-
Le Martinisme à la Belle-époque, suivi de Le Martinisme moderne et ses obédiences, in Revue Actualité de l'Histoire, N°H.S. 37/2010.
-CAILLET, Serge, Sar hièronymus de la Fudosi, Paris, Cariscript, 1986, 119 p.
-REBISSE, Christian, - "Pierre-Augustin Chaboseau (1868-1945) - un serviteur inconnu", revue Rose-Croix, n° 163, 1992, p. 28-37.-
Le Martinisme à la Belle-époque, suivi de Le Martinisme moderne et ses obédiences, in Revue Actualité de l'Histoire, N°H.S. 37/2010.
Une toute petite coquille a corriger :
RépondreSupprimer"ils décident d’échanger les initiations reçues, Boisse-Mortemart et Desbarolles pour (Alexandre)AUGUSTIN Chaboseau et d’Henry Delaage pour Papus.
Dans l'attente d'une autre "grande figure du passé"
Fraternellement,
D.
Je vous remercie, Désidérius, d'avoir adressé votre commentaire et m'avoir signalé cette coupable distraction, aussitôt corrigée !
RépondreSupprimerA bientôt !
Et acceptez toutes mes excuses pour ces accents innapropriés sur une formulation latine, je rectifie : Desiderius !
RépondreSupprimerLouise Chaboseau Napias n'est pas une descendante deMaria Deraisme. Elle fait partie de la famille Napias. Elle est une petite cousine du Dr Henri Napias, fils de Claude Dominique Napias Piquet, ancien notaire, fouriériste qui avait créé la colonie industrielle de Saint Just (Marne) avec son frère en 1849, qui sera fusillé par les versaillais à la fin de la Commune de Paris. Louise Chaboseau Napias est une descendante du frère de Napias Piquet, la soeur ainée de Maria sera témoin lors du mariage Chaboseau Napias avec F. Buisson et Maurice Buchor. Je tiens à votre disposition leur généalogie.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec le commentaire précédent, d'autant que Maria Deraismes est décédée en 1894 et ne pouvait être présente au mariage Chaboseau Napias en 1902... ;-)
RépondreSupprimerMerci messieurs, j'ai rectifié cette malencontreuse boude !
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