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Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

samedi 1 août 2015

Série : Grandes figures passées, Hans Grüter






Hans Grüter, 1874-1953

Personnalité douce et attachante, cultivant l’amour du beau et du vrai, tel Péladan, Hans Grüter se démarque totalement des occultistes de son époque. L’on sait presque tout de sa vie profane, et… presque rien de son parcours initiatique. Rarement cité dans l’histoire de l’A.M.O.R.C. (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix), aujourd’hui presque oublié alors qu’il fut le premier Grand-maître en France, aucune loge de l'A.M.O.R.C., à notre connaissance, ne porte son nom.



Qui est-il ?

Hans Grüter nait à Ruswil, Canton de Lucerne (Suisse) le 14 juin 1874. Pour financer ses études de technique dentaire à Zurich, il devient secrétaire dans une association au service des indigents avant de partir pour la France exercer dans un cabinet à Sens, comme mécanicien. Soucieux de se perfectionner (sa vie durant, il ne cessera d’étudier et d’expérimenter) il part aux États-Unis, s’inscrit à la Faculté dentaire de l’Université de Pennsylvanie d’où il sort en 1898, Docteur en Chirurgie dentaire. Il à 24 ans, auréolé d’un diplôme prestigieux (rare à l’époque de se prévaloir d’un grade américain !) il pratique son art comme assistant à Locarno. Il pourrait s’établir à son compte, mais préférant encore et toujours se parfaire, il s’inscrit à l’École de Médecine de Paris en 1909. En 1912, le Docteur Hans Grüter s’établit place Masséna à Nice. Nice, ville natale de Joseph Garibaldi, Grand-Hièrophante de Memphis-Misraïm...Il y fera toute sa carrière avant de prendre sa retraite en 1945 dans le canton du Tessin, à Locarno.

Place Masséna, Nice, au début du XX° siècle.

Si l’on est peu renseigné sur la carrière de l’initié, en revanche nous avons pléthore d’informations sur ses qualités, ses gouts, ses facultés et ses dispositions pour le mysticisme, l’occultisme : projections éthériques, visions. Hans Grüter subit d’importantes opérations chirurgicales dont il fera des récits détaillés et avalisés par les médecins et infirmières. Dès son plus jeune âge, il s’interroge : « La pensée humaine fut déjà l’objet de mon admiration quand j’avais à peine 14 ou 15 ans. Je me demandais alors et je me le demande encore maintenant, comment et pourquoi l’homme peut-il penser ? »

Son pouvoir magnétique était important, nul ne pouvait le rencontrer sans être troublé par la fascination qu’il exerçait (pour le bien) sur son prochain.Aucun étonnement donc à ce qu’il se soit spécialisé dans la radiesthésie-médicale, où il obtient des résultats efficaces dans le domaine du diagnostic. C’est aussi un inventeur : il met au point le Biométroscope (mesure des ondes humaines avec échelle de degrés « grüter ») puis le Bioradiateur (régulateur des ondes humaines) et enfin, un dispositif enregistreur des ondes humaines captées.

Moins heureux dans le domaine du paranormal, il publie un livre en 1939 – qui se voulait le premier d’une série - Les Merveilles des ondes pendulaires des chiffres arabes, 1er volume. Préface de M. L. Turenne. C’est un échec, d’autant plus mal accepté que l’A.M.O.R.C. lui-même s’en écarta prudemment. Après la guerre, il publia en 1947 deux monographies : La Sainte Sidone de Turin et le Mystère de Thérèse Neumann de Konnersreuth éclairci (non référencés, introuvables).

Faute de pouvoir consulter les archives, nous avons peu d’éléments pour retracer le parcours initiatique de Hans Grüter. Plutôt que de se hasarder en conjectures, bornons-nous à relever ce qui est solidement établi :

 Nous ignorons quand et où il reçut la lumière, mais sans trop courir de risque, il nous parait tout-à-fait plausible que ce fut à Nice. Georges Lagrèze y vivait (par intermittence) depuis 1924 ou 1925, Grand-expert, Député et Chevalier d’éloquence au Chapitre Chevaliers de la fraternité. La relation semble évidente.
  • En 1925, Harvey Spencer Lewis Imperator de l'A.M.O.R.C. fait la connaissance d'un français expatrié aux Etats-Unis, Maurice Jacquet, Chef d'Orchestre et ami d'André Mauprey de son vrai nom André-Jacques Bloch, 1881-1939, Compositeur-librettiste, Président de la Société dramatique européenne (S.A.C.D., Société des Auteurs-Compositeurs Dramatiques).
  • En 1926, H.S.Lewis,  est de passage à Nice. Il y rencontre André Mauprey , et le nomme Légat de l'A.M.O.R.C. pour la France, avec Charles Levy comme Grand-Secrétaire. Dans les années qui suivirent, deux loges sont installées, à Paris et à Nice. C'est à notre connaissance la première manifestation officielle et concrête d'implantation sur le vieux-continent, après la tentative sans lendemain de 1921, par Hélène Statoff-Poirier, qui fait une sorte "d'appel d'offre" dans la revue Le voile d'Isis, page 293.
  • 1930 : Hans Grüter adhère à l'A.M.O.R.C. grâce à son ami, le Docteur Clément Lebrun, 1863-1937 (qui quittera Nice en 1933, pour succéder à Charles Dana Dean, Grand-Maître pour les Etats-unis).
  • 1931 : Nomination à la charge de Grand-Maître de l’A.M.O.R.C. pour la France, à la mort de Charles Levy, Grand-secrétaire. Titre honorifique ? Manque de motivation ? Rien de très concret ne semble avoir été réalisé jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. A sa décharge, sa culture le portait davantage sur le secret plutôt que le discret, comme l'on affirme maintenant (à juste titre).
  • 1933 : Il est 33° 90° 95, S.I. (Supérieur-Inconnu) dans l'Ordre Martiniste  (de Bricaud) et Vénérable-Maître du chapitre Philantropie Ecossaise Internationale Sub Rosa de Nice. Avec Georges Lagrèze, il quitte les structures de Jean Bricaud (c’est donc qu’il était initié depuis longue date) pour rejoindre le grand projet élaboré par Armand Rombauts, la création d’un Suprême Conseil International de l’Ordre Maçonnique Oriental de Memphis et Misraïm (ou Suprême Conseil International du Rite Ancien et Primitif de Memphis et Misraïm. Suit-il son mentor Georges Lagrèze à l’Ordre Martiniste et Synarchiste de Victor Blanchard ? Je ne sais, mais martiniste, assurément selon l'historien Christian Rebisse (Rose-Croix, histoire et mystères, page 392).
  • 1934 : Hans Grüter, qui siège au Convent de Memphis-Misraïm du 8 au 14 aout, y exerce la fonction de grand-Maître des Cérémonies, représentant la France et la Suisse). Le 10 aout, le convent ratifie l’octroi de la charte autorisant Georges Lagrèze à établir un Souverain Sanctuaire pour la France et la Suisse, l’établissant comme Souverain Grand-Maître. Son Substitut Grand-Maître est… Hans Grüter 33° 90° 97 ! Mais à la fin de l’année, Georges Lagrèze ferme les loges symboliques, conservant à ses cotés les fidèles : Prost-Biraben, Jean Chaboseau, Maurice Fallot et Hans Grûter. De ce noyau, grossi en 1939 par Robert Ambelain une nouvelle aventure commencera bientôt.
  • 1934, et dans la suite immédiate du Convent de Memphis-Misraïm, se tient le premier Convent général de la F.U.D.O.S.I. (Fédération Universelle des Ordres et Sociétés initiatiques). Il siège en tant que Grand-Maître de l’A.M.O.R.C. pour la France (Sar Johannes). Rappelons pour mémoire que l’A.M.O.R.C.-Suisse (August Reichel) est une entité indépendante. Hans Grüter représente également Memphis-Misraïm en tant que Substitut Grand-Maître (C’est donc que G. Lagrèze a quitté Bruxelles, n’y assistait pas ? C’est un fait non relevé jusqu’ici, semble-t-il !).
  • 1935 : Après l’exclusion de Memphis-Misraïm de la F.U.D.O.S.I., il démissionne de sa charge de Substitut Grand-Maître, il est remplacé par Prost-Biraben.
  • de 1935 à 1945, excepté  ses participations aux convent de la F.U.D.O.S.I.,nous n'avons aucune indication sérieuse pour l'instant et ne pouvons que supposer qu'Hans Grüter poursuivit son parcours maçonnique "local", à Nice jusqu'à sa retraite, tout en conservant sa maitrise toute symbolique semble-t-il de Grand-Maître de l'A.M.O.R.C.France.
  • Participa-t-il au 2°Convent de la F.U.D.O.S.I. de 1936 ? Très certainement.
  • 1937 : On note sa participation au Convent de la F.U.D.O.S.I représentant l'A.M.O.R.C.France,  et officiant en compagnie du Docteur Bertholet, Harvey Spencer Lewis pour l'ouverture des travaux. C'est l'année où son adjointe Jeanne Guesdon et son ami Georges Lagrèze quittent l'O.M.S. (Ordre martiniste et Synarchique de Victor Blanchard) pour l'O.M.T. (Ordre Martiniste Traditionnel) d'Augustin Chaboseau : il serait logique qu'il en fit autant !
  • Des assemblées de la F.U.D.O.S.I. tenues en 1939, puis de 1947 à 1951, date de sa dissolution, nous manquons d'éléments pour y relever sa présence : peu probable compte tenu de son état de santé, très grave opération en Septembre 1946 qui le laissera très affaibli, surtout les deux dernières années de sa vie. 

Les activités de l’A.M.O.R.C. ne semblent guère avoir de développement sous la maîtrise de Hans Grüter, fort bien secondé par sa secrétaire Jeanne Guesdon qui lui succédera à son départ pour l’orient éternel le 20 Octobre 1953 à Locarno. Il était dans sa 80° année, laissant trace d’un homme de grande courtoisie, érudit, d’un spiritualiste éminent fort écouté, rayonnant !



Sources bibliographiques:
CAILLET, Serge, La Franc-Maçonnerie Egyptienne de Memphis-Misraïm, Paris, Cariscript, 1988, 182 p.
GALTIER, Gerard, Maçonnerie Egyptienne, Paris, Ed. du Rocher, 1994, 474 p.
REBISSE, Christian , Rose-Croix, Histoire et mystères, Le Tremblay, Diffusion Traditionnelle, 2003, 448 p.
REVUE ROSE-CROIX, Le Docteur Hans Grüter, Grand-Maître Rose-Croix, par H. Jacotte,  Edité par l‘Amorc, Villeneuve Saint-Georges, Numéros de juin (pages 24-28) et septembre (pages 19-22) 1961

Source illustrations : Hans Grüter, avec ses décors de Vénérable-Maître, site memphismisraim.netfirms.com
Place Massenna, Nice  et Locarno, Suisse : collection privée de l'auteur.


3 commentaires:

  1. Je vous remercie d'avoir adressé votre commentaire.
    C'est heureux de constater que Hans Grüter n'est pas totalement oublié !

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  2. Merci pour ces informations. Je ne connaissais Hans Grüter que de nom, le voilà pourvu d'un visage... Votre article est le bienvenu pour qui s'intéresse à l'histoire de l'AMORC.
    Philippe Laurent

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