La lecture de la lettre du 13 août
1768 de Martinez de Pasqually à Jean-Baptiste Willermoz est très
édifiante sur la position de Martinez quant à la pratique de sa
doctrine.
Ayant échoué dans ses différentes tentatives de réformer
en profondeur la Franc-Maçonnerie, il fonde un ordre mystérieux :
Les Chevaliers Maçons Elus Cohen de l'Univers, dont le caractère
chrétien ne fait aucun doute, mêlant hauts-grades maçonniques et
magie angélique.
Cette doctrine, destinée à une
élite réunie sous le nom d'élus « Cohen » (Prêtes
élus), connaîtra une fortune singulière, mais les opérations
théurgiques resteront réservés aux seuls Initiés. Martinez
n'utilise guère la Franc-Maçonnerie qu'afin de greffer sur elle son
système et son organisation. Aussi, quand on se penche sur les
préceptes de Martinez et ses motivations, il est toujours très
surprenant d'entendre les uns et les autres parler de Cohen et de les
voir courir avec acharnement après leurs grades. A croire que la
seule prononciation de ce nom aiguise les esprits, renferme tous les
secrets et toutes les vertus magiques !
Beaucoup ignorent et mettent sous
le boisseau la caractère mystique et sacré de la théurgie de
Martinez. Il faut lire ses rituels pour prendre pleinement conscience
de la place prépondérante de la prière, des prosternations, de
l'utilisation des psaumes.
Cette théurgie ne vise pas à
diriger des forces sur quelqu'un, à obtenir des avantages, à
manipuler son prochain, ni même à régler le soucis du monde
profane. Elle est une sainte Magie ayant pour but l'union mystique,
la rencontre entre le visible et l'Invisible. Et c'est de cette
fusion avec l'Invisible que la « Chose » se manifeste.
Influence spirituelle que les Cohen nomment « intellect »,
qui n'est autre qu'une manifestation émanée de Dieu ou de ses
Anges.
Mais que de chemin à parcourir
avant d'oser espérer d'être gratifié de la présence de la
« Chose » et d'approcher ce monde divin !
Aussi, avant de songer à
« purifier l'aura de la terre », comme on l'entend dire
souvent, la première chose à purifier, c'est bien soi-même. Car il
s'agit bien de cela en vérité. Se purifier par une préparation
extérieure, afin de nous conduire vers une communion intérieure
avec le Divin. Martinez dira lui-même que le lieu privilégié de
cette rencontre est le cœur de l'homme. A la fois tabernacle et
réceptacle de Dieu, l'homme y reçoit les plus belles manifestations
que le Créateur lui envoie.
Le Cohen doit donc être un Chrétien
pratiquant. A l'époque de Martinez, des disciples protestants se
convertissent à la religion catholique romaine pour entrer dans le
cénacle. L'ordination qui doit être conférée n'est pas décision
d'homme, mais le récipiendaire doit être opté par la « Chose »
au cours d'un rituel bien particulier, pas de manifestation, pas
d'ordination.
Déjà, au cours de son initiation
au degré d'Apprenti, le Cohen prend plusieurs engagements :
Garder secrets les mystères de
l'Ordre
Être fidèle à la sainte religion
catholique.
A travers les différents travaux
qui lui sont confiés, il s'habitue de suite à cette rigueur si
caractéristique. S'il souhaite atteindre des performances, le
sportif ne s'entraine-t-il pas chaque jour pour monter sur le
podium ? Et bien, il en est de même dans la vie spirituelle. Et
en l’occurrence, cet entrainement ci est la prière. Aussi, avant la
pratique de la Théurgie, le Cohen, quel que soir son grade, se doit
d'assister à une Sainte Messe. Dès qu'il a toutes les clefs
nécessaires, le prière rythmera sa vie, de 6 heures en 6 heures
(Six heures du matin, midi, dix-huit heures et minuit). Ces prières
composées par Martinez, reprennent les Psaumes, les Invocations « Au
nom de Jésus », l'Ave Maria, le Pater. On y trouve aussi des
invocations destinées à l'Ange Gardien et avant de s 'endormir,
celle « qu'il faut faire quand on est couché et prêt à
s'endormir ». En se réveillant, on rend de suite grâce à la
Sainte Trinité et à la Vierge, et, avant de fermer les yeux, nos
dernières paroles sont pour le monde divin. C'est tout de même plus
élevé que de s'endormir après la vision d'un film où se mêlent
des violences de tout genre !
Aussi, la lecture des sept Psaumes
de Pénitences au moins à chaque renouvellement de Lune, ou tous les
jours suivant les périodes de travail, relève de la pratique du
Cohen, tout comme l'office du Saint Esprit tous les jeudis. Tous les
jours, réciter le « Miserere » debout face à l'Orient,
et le « De Profondis » face contre terre ou genoux en
terre. L'avancement dans la Hiérarchie était synonyme de plus
d'obligation, de prières, de jeûnes, d'abstinence, particulièrement
au moment de travaux bien spécifiques. D'aucun doivent penser que
nous ne sommes pas loin de la vie de certains moines qui se relèvent
la nuit pour prier. Certes, mais il y a urgence ! On passe
tellement de temps à ingurgiter des émissions de télévision qui
nous tirent vers le bas, à lire des revues vides de sens !
Dieu ne mérite-t-il pas que nous
Lui consacrions un peu de temps chaque jour ? Certes, il est
difficile de mettre tout cela en pratique au pied de la lettre,
surtout à notre époque, d'une part, si on a des activités
professionnelles et d'autre part , parce que notre monde est dominé
par la matérialité. Mais, on peut très bien adapter tout cela à
notre modernité. Et d'aucuns le font !
Fin de la première partie, à
suivre …
Thierry
Ronat
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