On
se souvient de l’an 800 comme celui du sacre de Charlemagne par le
pape Léon III, mais l’on ignore le plus souvent qu’à la même
époque, un compagnon de l’empereur, Acluin, Père-Abbé de
Canterbury, fonda l’Université de Paris1.
Flaccus Albinus Alcyuinus2,
grand érudit et voyageur infatigable, n’a pas manqué de faire son
pèlerinage en Terre Sainte et au retour, traversant la Perse, il
séjourna à Gazna où des circonstances particulières lui permit de
redécouvrir un des livres sacrés qui constituent la bibliothèque
universellement connue sous le nom de Bible.
Le Livre de Jasher3
(ou
Livre du Juste)4
nous instruit de l’histoire du peuple hébreu, de l’origine (Les
Patriarches) jusqu’à l’arrivée en Terre promise. Après Josué
successeur de Moïse, le roi David en a chanté les louanges et l’on
perd définitivement sa trace sous la captivité babylonienne
jusqu’à l’invention d’Alcuin. Il n’est donc pas étonnant
qu’il soit absent des textes canoniques. Lui aussi est donc
stigmatisé de l’appellation fallacieuse « d’Évangile
apocryphe ».
Ceci explique probablement la raison
pour laquelle il est retombé une seconde fois dans l’oubli jusqu’à
ce qu’un aristocrate anglais n’en décèle une copie en 1721,
authentifiée par le Comte Wickliffe qui considéra cet écrit comme
« antérieur au Livre de Josué ». De succession en
succession, le manuscrit fut enfin édité en 1829 en Angleterre,
puis en 1934 aux Etats-Unis sous l’égide de l’Ancien et Mystique
Ordre de la Rose-Croix.
Des applications modernes de certains
passages du Livre de Jasher
(entre autres) ont été
faites par des universitaires américains, dotés de puissants
ordinateurs et travaillant sur le fameux épisode du « soleil
s’immobilisant » (voir Jos 10/12-14, ou encore Livre des
Rois, 20/8-11).
Tolkien, l’auteur du Seigneurs
des Anneaux, avoue s’être
inspiré de quelques passages dans les années 1950.
Les Mormons semblent l’avoir adopté,
mais aussi les Adventistes, et quelques chercheurs dont il est
difficile d’établir le sérieux, comme Ellen White par exemple,
qui y trouve matière pour appuyer sa thèse faisant de Noë
l’instructeur d’Enoch, avant le déluge.
Ce texte, fort intéressant mérite
d’être lu et médité, complétant le vide laissé par le Livre
des Juges. La traduction
française est particulièrement bien établie. Il contient, selon la
formule du jour, des « scoops » par rapport au récit de
Moïse, il confirme la doctrine de l’immortalité de l’âme.
Le Livre de Jasher
se découpe en 38 chapitres, que l’on peut regrouper sous deux
modes, voire même deux époques. Le premier, jusqu’au chapitre 4
inclus, est purement narratif et relate brièvement l’histoire du
peuple juif depuis la création jusqu’à la captivité en Egypte.
Le second est un véritable reportage, puisqu’il raconte ce que
Jasher lui-même à vu et entendu comme compagnon de Moïse qui le
remarqua pour ses valeurs de rigueur, de piété et de probité.
Rappelons que son nom est inspiré de ׳שד
soit jasher, le juste.
Ce qui caractérise ce livre des
autres apocryphes, ce n’est pas tant qu’il soit novateur dans la
révélation, loin s’en faut, mais plutôt qu’il enjolive ou
enrichit, et plus particulièrement les récits de Moïse. Encore
faut-il resituer tout cela dans les mœurs de l’époque, car l’on
découvre en la personne du patriarche un bien curieux dictateur :
Et le peuple
parla à Aaron, disant "Moïse, qui, par son astuce, nous a
amenés hors du pays d'Egypte, cherche maintenant à faire de
lui-même notre Roi et notre Chef". (XVII – 16)
Belliqueux, meurtrier :
Et Moïse
parlant aux Lévites, leur dit : "Ainsi par le Seigneur : Prenez
les têtes de ceux qui ont péché et suspendez les devant la porte
du Tabernacle du Seigneur, à la vue de toute l'assemblée. (XXV –
23)
Barbare et
raciste
Puis Moïse
parlant aux enfants d'Israël dit "Ainsi parle le Seigneur :
Vous tuerez toutes les femmes des nations, avec lesquelles vous vous
êtes souillés, et les mâles nés d'elles, vous n'épargnerez pour
vous-mêmes que la vierge qui n'a pas partagé la couche d'un homme".
(XXV – 26)
Pilleur :
XIII- 3
"Debout ! Chassons-les du pays, afin que nous puissions en
hériter ; car nous sommes montés hors du pays d'Egypte du pays de
servitude, pour chasser les Gentils et prendre possession de leurs
terres. (XIII- 3)
Un chef de guerre de son époque, ni
pire ni meilleur.
Bien d’autres
passages méritent notre attention de chercheurs, tels le récit de
la traversée de la Mer Rouge, les interventions et la mort de
Myriam, la montée au Sinaï, la rébellion de Coré, etc.
Je ne puis
qu’exhorter à se procurer ce texte, dont j’indique ci-dessous
une maigre et incomplète bibliographie, les choses s’aggravant par
la suite, car à ma connaissance la dernière édition est épuisée ! Fort heureusement, offres nombreuses sur internet.
Bibliographie :
- Édition
anglaise de 1829, j’en ignore les références.
-
The
Book of Jasher, Salt Lake City, J. H. Parry & Co., 1887.
- Édition anglaise de
1934 réalisée aux Etats-unis par l’A.M.O.R.C.
- Le
Livre de Jasher, Villeneuve
Saint-Georges, Éditions Rosicruciennes, 1978, 182 p., réédité en
1983.
1 La seule édition
française connue date de 1978, par les Éditions Rosicruciennes, à
Villeneuve Saint-Georges, épuisée depuis la seconde réédition de
1983. Et non pas au XII° siècle, sous Philippe-Auguste comme il est
faussement indiqué dans une célèbre encyclopédie-libre sur
internet.
2 Les noms des
personnalités s’énonçaient et s’écrivaient en latin à cette
époque. Nous avons respecté la règle.
3 Jasher serait né à
Gosen en Egypte, fils du général hébreu Caleb (car les juifs
avaient déjà une organisation armée) et aurait été le
« porte-verge » de Moïse et d’Aaron. A ce titre, il
assista aux entrevues avec le Pharaon.
4 Le volume se présente
sous la forme traditionnelle d’un rouleau de papier d’une
épaisseur de 3 mm., d’une longueur de 2,74 m. sur une largeur de
0,82, conservé dans un coffret de bois orné de mosaïques. Est-il
toujours à Gazna ?
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