Un conte qui commence à Noël pour se terminer à Pâques ?
Et pourquoi pas ? Un simple conte d'enfants pour ceux qui en ont gardé l'âme et la fraîcheur, dans un blog habitué à traiter de sujets bien différents, une halte en quelque sorte, une trêve !
Grison, le petit âne.
Il était une fois, un âne tout gris, avec une tache noire entre ses deux grandes oreilles
bien droites. Il s’appelle Grison.
Les enfants l’aiment
très fort, jouent avec lui sur la place du village, montent sur son dos chargé
de grosses cruches, pour aller jusqu’au puit d’eau fraîche,
C’est son métier
depuis longtemps et il connaît si bien la route que son maître le laisse
cheminer tout seul pendant qu’il fait la sieste.
Un jour, alors qu’il
revient de son dernier voyage et que le soleil va bientôt se cacher derrière la
montagne, il voit son maître discuter avec Joseph, le charpentier. Après s’être
donné une longue poignée de mains, Joseph saisit Grison par le collier et avec
beaucoup de douceur, l’entraîne vers sa maison. La femme de Joseph, Marie, lui
donne une botte de foin tendre pour son repas du soir. Grison lui lèche la main
avec reconnaissance, heureux de ces nouveaux maîtres qui lui semblent encore
plus gentils que Simon le puisatier.
Le lendemain matin, alors que les oiseaux chantent et que le
coq de la basse cour hurle de joyeux « cocorico cocorico », Joseph donne
plusieurs caresses à Grison, le fait boire, le couvre d’une épaisse couverture.
Avec précaution, il installe Marie sur son dos.
Grison est très joyeux, Marie est plus légère que les jarres
qu’il a l’habitude de porter. Il aime son parfum aux odeurs de rose et de
jasmin. Très fier, il sort du village, précédé de Joseph, chargé d’un sac de
cuir et s’appuyant sur un long bâton pour le protéger des chiens sauvages.
Il marche, il marche tout le jour avec courage, s’arrête la
nuit prés d’un campement où il retrouve d’autres compagnons, des ânes, des chameaux,
quelques chevaux.
Il arrive enfin dans une grande ville que Joseph nomme
Jérusalem. Patiemment, il attend plusieurs heures, à l’ombre d’un grand pin.
Enfin, voilà ses maîtres, qu’il accueille d’un long
hennissement !
Grison, de son petit pas cadencé, prend la route du retour.
La nuit descend,
Marie semble très fatiguée et toutes les auberges sont occupées !
« Comment faire ? »
demande-t-il à un bœuf qui broute avec
gourmandise une dernière touffe d’herbe grasse. « Suis-moi, je vais te faire
une place dans mon étable, je suis tout seul en ce moment, tu me tiendras
compagnie, tu me raconteras ton voyage ! »
Joseph, tout étonné,
les suit, soutenant Marie qui gémit de plus en plus.
Arrivés à la sortie
du village de Bethléem, le bœuf et ses nouveaux amis entrent dans une grotte
taillée au pied d’une falaise de terre
rouge.
Joeph allume la lampe à huile, allonge Marie sur la
couverture de Grison et ressort pour retourner au village chercher un savant
docteur.
A peine s’est-il
éloigné que le ciel s’illumine de toutes ses étoiles, qu’une lui apparaît dix
fois plus grosse que toutes les autres, suspendue au-dessus de la grotte.
Intrigué, Joseph
revient sur ses pas. Puis, il se met à courir lorsqu’il entend le gazouillis
d’un bébé.
Essoufflé, il
s’agenouille à coté de Marie qui tient dans ses bras un nourrisson à la peau
toute rose, réchauffé par le souffle de Grison et celui encore plus fort du
bœuf.
Deux grosses larmes
perlent sur les joues de Joseph… et sur celles de Grison qui souffle encore
plus fort pour que l’enfant ne prenne pas froid.
Cinq bergers, attirés par la grande lumière dorée qui
éclaire tout autour de la grotte, s’approchent puis timidement, demandent :
« D’où venez-vous et comment se nomme ce nouveau-né
enveloppé d’un nuage de vapeur argentée ?
- Nous sommes de
Nazareth, et ce petit s’appelle Jésus ! » leur répond Marie, avec un sourire de
bonheur.
- Oui, Jésus, Petit Jésus » répète Joseph.
Grison se laisse
glisser sur ses pattes arrières, puis avant, allonge son long cou vers Petit
Jésus qui lui tend sa menotte comme pour
lui dire : « Merci Grison d’avoir amené ma maman jusqu’ici, de nous avoir
protégé toi et ton compagnon le bœuf contre le froid, je ne vous oublierai
jamais ! »
Revenu à Nazareth,
Grison et Joseph travaillèrent longtemps ensemble. Pour l’aider à transporter
ses bois, son maître lui trouva une petite compagne qu’il nomma Grisonnette.
Plus tard, beaucoup
plus tard, presque trente trois années plus tard, c’est leur fils, Grisounnou,
qui fièrement entra dans Jérusalem, sur un chemin de palmes et de pétales de
roses, portant sur son dos Jésus que tous et toutes appelaient le Sauveur, le
Messie, mais c’est une autre histoire, une très belle histoire que Papylou te
racontera plus tard ! Bonsoir mes enfants, bonne nuit !
Xavier Cuvelier-Roy
Les contes de Papylou
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