Je lis ça et là et j'entends (quelquefois) citer cette oeuvre de Saint-Martin, les uns pour s'extasier, les autres (de plus en plus souvent), pour critiquer.
Mais combien d'entre-nous peuvent prétendre l'avoir lue ? J'entends intégralement, de la première à la dernière page : les mêmes probablement qui ont digéré le Traité sur la réintégration des êtres, de Martinès de Pasqually, c'est à dire fort peu, assurément.
J'avoue avoir essayé, il y a une quinzaine d'années, mais pour l'abandonner avant la fin du premier chant, m'étant rassasié de l'introduction de Robert Amadou, prix d'excellence comme d'habitude.
Depuis un an, cahier d'écolier sur ma gauche (normal pour un gaucher) et le précieux livre sur ma droite, je me suis remis à l'ouvrage, affronté le redoutable krokodylos, monstre d'orgueil (RaHaB) et fourbe prince du mal.
Attention ! J'en ai fait allusion plus haut : pour le comprendre, il faut nécessairement avoir lu le Traité, et pour cause nous allons le découvrir !
Tout surgit dans un feu d'artifices : une "oeuvre posthume d'un amateur des choses cachées", un "poème épico-magique" en prose, un "ouvrage de gaîté" en fait méthodique et fort sérieux... qui selon Serge Caillet, "développe sous le voile de l'allégorie des vérités très hautes"!
Mais lesquelles ?
Ah bien sur, certains peuvent n'y voir que les réflexions d'un observateur de son temps, sur la politique (nous sommes dans les années terribles de la révolution), la religion, la science, mais ne nous y trompons pas ! Eléazar (en fait, Martinès de Pasqually lui-même) est là pour nous renseigner, plutôt nous enseigner.
Celui-là même qui dans la gueule en flammes du saurien, le fera vomir ses prisonniers... Phrase étrange, incompréhensible me direz-vous ? Allons, il faudra faire l'effort - vous même - d'aller au terme de la lecture de cette guerre du bien et du mal !
Médaille gravée par Marcelle Mouroux 1971
Effectivement, chaque chant (chapitre) page, ligne et mot, ordonnés sur le thème de l'allégorie, ne se prêtent que pour mieux nous présenter l'entière "panoplie" (que l'on me pardonne ce terme!) coën ! La Chose y est présente en permanence, la réintégration l'objet de tous les désirs.
A l'instant, je trouve dans cette oeuvre, toutes les réponses à gifler les instituteurs et petits crocodiles qui ne cessent de vouloir se distinguer à dénigrer l'un pour valoriser l'autre et très vice-versa. Je parle bien entendu de Saint-Martin et de Martinès de Pasqually : vaine croisade, pitoyable farce sans attrape qui ne peut mener à rien tant les faits sont patents, les preuves gravées dans le granit !
Miséricorde ! Ce mot est employé 102 fois dans la Bible, autant que de chants dans Le Crocodile.
Plusieurs éditions sont à signaler, voir sur le site du Philosophe Inconnu : ICI
Voici la plus récente :
En vente aux Editions Maçonniques : ICI (je fais souvenir que les membres du blog bénéficient d'une réduction de 20% à la boutique de cet éditeur).
Pour les "amateurs de choses cachées" qui désireraient approfondir, signalons la maîtrise de lettres modernes de Jean-Louis Ricard , Étude sur le Crocodile, éditée par le CIREM en 1996 : ICI
APPEL A TÉMOINS
A la fin des années 1980, je crois, une petite troupe parisienne a adapté et joué le CROCODILE. L'annonce en avait été faite dans la revue l'AUTRE MONDE, me semble-t-il. Je remercie à l'avance le contributeur qui me viendra en aide !
Sans prétention, et avec les moyens que j'avais il y a un quinzaine d'années, j'avais annoté une version numérisée du crocodile qui avait été mise en ligne, sans copyright, ni left, puisque réservée à usage initiatique. Maintenant, si tu exiges du lecteur qu'il maitrise le traité de la réintégration... l'arrêt se fera sur la page titre. Il y a plusieurs moyens de le lire cet excellent crocodile. Le premier de se souvenir que le crocodile est l'image d'Horus et qu'ils partagent un même temple en Egypte. Le deuxième si on possède quelques lueurs, même faibles, de spiritisme ou de magnétisme, de repérer les techniques de Barberin & Saint-Martin, de Mesmer, et surtout de Puységur. On oublie volontairement que lcsm se fit le prosélyte du système de Puységur, pour garder une image idéalisée d'un hyper héros. Le système fonctionna si bien que nos Lyonnais et bien d'autres se lancèrent dans les "sommeils" (relire Dermenghem ou plonger dans les archives). Il est tout aussi possible de le lire comme un ouvrage de "fantasy". Sinon, les niveaux de lecture m'ont semblé tellement nombreux, comme trop souvent chez lcsm, qu'il me semble préférable de lire le crocodile en première lecture selon son coeur ou son intellect, sans chercher à saisir la forêt des possibles, mais en récupérant au passage quelques noisettes, quelques baies, quelques... nourritures. Bonne lecture d'une oeuvre qui mérite au moins un détour.
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