r

r
Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

dimanche 13 décembre 2009

Le Samaa, chant soufi

Extrait d'une chronique éditée sur l'excellent blog , de tradition Qadiriya Boutchichiya
http://www.soufisme.org/site/spip.php?article295


"Les séances de sama constituent une modalité particulière de l’invocation divine au sein des confréries soufies. La poésie mystique chantée a capella dans le sama associe les thèmes de l’amant et de l’aimé, de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie de la séparation...
Les chants soufis sont des chants sacrés, ils véhiculent et communiquent à ceux qui les écoutent des significations subtiles et une aspiration spirituelle qui orientent les esprits vers la source divine. Ils suscitent chez celui qui se trouve en état d’ouverture et de réceptivité spirituelle, des états de joie ou de tristesse, de contentement ou de chagrin, voire une forte sensation de chaleur ou encore une douce brûlure intérieure qui correspond à ce que les soufis nomment l’émotion extatique.
Ces états intérieurs sont les effets de l’ivresse spirituelle qui se traduit par une sensation de submersion et un oubli de soi-même dont l’aboutissement est l’extinction dans la présence divine. Ainsi l’audition mystique agit-elle comme un remède pour les âmes et une nourriture pour les cœurs".
A ceux qui ne resteront pas insensibles aux accents de cette tradition, je conseille vivement l'écoute de l'ensemble musical soufi RABI'A :
À l’origine était le Verbe et la première chose que perçurent les créatures fut une expression du Verbe. Cette perception de la Parole originelle s’appelle en langage soufi le samâa, c'est-à-dire l’audition ou l’écoute spirituelle.
Le samâa correspond à l’état spirituel de celui pour qui devient audible la musique céleste, celle du son primordial et absolu : le Verbe divin. En tant qu’appel du Divin et rappel de Lui, le samâa est ainsi participation à la louange de toute la création envers son Créateur. Par la pratique du samâa, il devient possible de goûter du plus profond de son être à l’harmonie des louanges universelles.
Lors du samâa, l’unité des voix est certes nécessaire, mais en fait, la voix et le son ne sont que des supports à l’unité des cœurs. C’est véritablement le cœur de chacun qui doit être à l’écoute, en éveil et, d’une certaine façon, prêt à recevoir des vérités qui le dépassent. Le samâa pénètre l’âme et, par sa fluidité naturelle, il vient lui rappeler sa véritable origine. Il devient alors pour notre intériorité une subsistance qui va la faire mûrir et lui révéler ainsi les secrets et la proximité de l’amour divin.
« Nous avons tous entendu cette mélodie au Paradis » affirment les soufis, en faisant allusion au périple des âmes avant leur incarnation sur terre. C’est pourquoi le samâa a le pouvoir de toucher les âmes, là où les discours sont impuissants à le faire, et il a la faculté de les aider à entrer dans cet espace d’amour et de paix auquel convie le message divin.

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Merci pour ce rappel sur le sama'a ou "audition spirituelle".

    Me permettez vous de soulever deux ou trois "approximations" que je rectifie globalement ?

    Le sama'a, s'il est bien une expression du sacré, est comme tout rituel "authentique", une expression codifiée et "autorisée". Le sama'a obéit à un ensemble de règles très strictes qui sont transmises oralement. Les chanteurs sont "dans le cadre de l'expression sacrée" avant tout des invocateurs. Aucune improvisation n'a cours. L'instrument doit être préparé !
    D'autre part, les "chants" sont écrits (dans le passé et de nos jours) par des maîtres, des saints avec également une "autorisation".

    Ceci posé, à l'écoute de l'exemple cité, les règles de chant ne me paraissent pas respectées. Ce groupe semble être "autonome" en quelque sorte et sacrifie bien volontiers à l'esthétisme ainsi qu'à des "règles" vocales et modales qui apparemment sont d'une autre "tradition" ! ... (leur présentation sur la photo ne laisse d'ailleurs aucun doute sur ce point puisque les "artistes" se présentent et chantent des paroles saintes sans le minimum requis, par le tassawuf, pour une dame : la tête et les épaules recouvertes d'un voile ).

    Je doute fort de la régularité de leur pratique du sama'a.

    Pourtant, ce qui me laisse perplexe est la citation d'une confrérie régulière, fort sérieuse et soucieuse des règles obligatoires , élémentaires de l'Islam, pratiquant un soufisme tout à fait orthodoxe. (les exemples de sama'a de cette confrérie sont fort nombreux sur le web)

    Merci encore pour vos efforts, monsieur Jacques Courtois. Cordialement,

    Pierre

    RépondreSupprimer
  2. Je vous remercie Pierre, d'avoir adressé votre commentaire et communiqué votre expertise dans ce domaine. A bientôt !

    RépondreSupprimer

Les commentaires offensants et dénigrants et ceux d'attaques ad nominen, non fraternels, ne seront pas publiés.