dimanche 22 février 2015

De l’angoisse... métaphysique ?




André Tillieu, le biographe de Georges Brassens nous  rapporte :
Je me souviens aussi d’un jour où il (Georges Brassens) se mit à monologuer au sujet des espaces intersidéraux. Il semblait vraiment terrorisé à l’idée que des étoiles continuaient de briller dans le firmament alors qu’en fait elles étaient éteintes depuis des milliers d’années : la distance qui les séparait de nous, leur ultime lumière n’avait pas encore eu le temps de la parcourir ! Effrayé en pensant que d’autres astres étaient nés et que leur lumière ne nous parviendrait que dans des millénaires. Nous étions avertis d’un événement auquel nous étions certains de ne pas assister. « Après ça, qu’on ne vienne pas me parler de la lune : ça n’est même pas la banlieue… » Et il coupa la conversation sur ces mots : «  Arrêtons de parler de tout ça, j’ai comme l’impression que ma mâchoire va me tomber sur les genoux… »


Un de mes amis, fort érudit, instruit « des choses » et profondément mystique, me disait récemment, à l’aube de ses quatre-vingt-treize ans :

«  Et si tout cela (Dieu et sa création, l’Univers) n’était qu’une immense farce ! »


Sans m’associer franchement à cette interrogation, celle-ci à chatouillé mon intime conviction. Pas assez pourtant, pour installer le doute ni même entamer ma foi. Mais je médite encore à cette heure sur ce qui a conduit cet homme de culture et d’amour jusqu’à cette pierre d’achoppement. J’aimerai tant pouvoir me rassurer en affirmant que c’est par provocation, voire même par orgueil, mais non hélas, sous la carapace du « vieux-sage », son désarroi n’était pas feint !

« L'angoisse métaphysique est encore bien pire pour ceux qui, croyant à la mort totale, pensent que rien, jamais, ne sera expliqué, dénoué, apaisé » nous dit Jean Rostand

  La peur… l’ennemie pernicieuse qui nous provoque en permanence à la source probablement de la vieille expression populaire, « la mort dans l’âme ». C’est… dramatique !

René Guénon, dont je ne suis pas un émule, a, je le reconnais, sagement écrit :

La connaissance est le seul remède définitif contre l’angoisse, aussi bien que contre la peur sous toutes ses formes et contre la simple inquiétude, puisque ces sentiments ne sont que des conséquences ou des produits de l’ignorance, et que par suite la connaissance dès qu’elle est atteinte, les détruit entièrement dans leur racine même et les rend désormais impossibles, tandis que, sans elle, même s’ils sont écartés momentanément, ils peuvent toujours reparaître au gré des circonstances. S’il s’agit de la connaissance par excellence, cet effet se répercutera nécessairement dans tous les domaines inférieurs, et ainsi ces mêmes sentiments disparaîtront aussi à l’égard des choses les plus contingentes; comment, en effet, pourraient-ils affecter celui qui, voyant toutes choses dans le principe, sait que, quelles que soient les apparences, elles ne sont en définitive que des éléments de l’ordre total ?


Dans les grandes écoles initiatiques, mais plus particulièrement dans celles qui relèvent du rosicrucianisme, l’on incite le nouvel étudiant, le fraichement initié, à acquérir en premier ce réflexe comportemental qui le conduira peut-être un jour à la Sagesse : Demeurez un perpétuel point d’interrogation !





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