samedi 29 octobre 2011

Le Rapporteur de la Chambre d'Écho vous informe

Bulletin du mois d'Octobre 2011


26.10.2011 :



  • Conférence sur l'historique maçonnique de Bordeaux.



Source illustration : site du château de Mongenan


Si la ville de Lyon se considère comme la capitale française de la franc maçonnerie, Bordeaux se considère comme la ville où est née la franc maçonnerie française. Le match entre les deux cités mérite d'être joué tant les influences philosophiques, culturelles esthétiques, littéraires, humaines sont diverses, et tant au XVIII° siècle, la compétition a été chaude entre le premier port d'Europe et la capitale de l'espace maçonnique européen. Elle oppose la présence visible de la Franc-Maçonnerie à Lyon (expositions, bibliothèque) à la discrétion bordelaise et s'interroge: Comment les choses se passaient-elles au XVIII° siècle ? Exista-t-il es contacts plus fréquents qu'aujourd'hui ? Quelles personnalités y furent mêlées? 

Florence Mothe livrera le dimanche 30 octobre à 17 h au Château de Mongenan (Portets) le fruit de ses recherches en la matière. 

Renseignements:             +33 (0)5 56 67 18 11      . Entrée 6 euros, 5 euros pour les groupes de + de 10 personnes. Gratuit pour les enfants jusqu'à 12 ans. Visite du Musée, du Château, du Temple Maçonnique, dégustation des vins du domaine.





Citation du Journal SUD-OUEST 
17.10.2011 :



  • Nouvelles découvertes de Mariette Cyvard :


C O N S E I L  G É N É R A L  D ' I N D R E - E T - L O I R E

ARCHIVES D’ORIGINE PRIVÉE
Pièces isolées et petits fonds
ARCHIVES  DÉPARTEMENTALES  D'INDRE -ET- LOIRE
Tours
Inventaire
1 J 1 à 353

Concerne :



SAINT-MARTIN
Anne-Marie de 6 /4
Charlotte de 6 /4
Louise-Françoise de, épouse d’Antoine-Auguste DESHERBIERS DE L’ETENDUÈRE 306

1 J 6 /4 Testament de Madeleine Gauthier, épouse Dechaux, au profit de
Charlotte et d’Anne-Marie de Saint-Martin, nièces de son mari (19 mai
1770).
1 pièce parchemin
1 pièce papier
1 J 306 Vente des biens saisis sur Louise-Françoise de Saint-Martin,
épouse non commune en biens d’Antoine-Auguste Desherbiers d’Etenduère (concerne notamment une maison rue Banchereau à Tours et des biens situés paroisse d’Azay-sur-Cher) : affiche.
1 cahier papier imprimé 24 mars 1787




12.10.2011 :


  • Enfin, un nouveau Martinès de Pasqually !




Son auteure, Michelle Nahon est une autorité en la matière puisqu'actuelle présidente de la Société Martinès de Pasqually, bien connue de nos lecteurs et qui n'a pas la réputation de faire un livre pour un livre. Attendons-nous à quelques bonnes surprises ! Je ne puis malheureusement vous en dire davantage, ne l'ayant pas reçu à ce jour mais j'y reviendrai. 

Note de l'éditeur :


Martinès de Pasqually

Un énigmatique franc-maçon théurge du XVIIIe siècle,
fondateur de l’Ordre des Elus Coëns
par Michelle Nahon

La première biographie depuis 70 ans du fondateur de la Franc-Maçonnerie mystique. Un ouvrage de référence pour les francs-maçons spiritualistes et les martinistes.
Ce livre, résultat d'un long travail - près de trente ans - de recherches faites avec l'aide d'historiens de métier, retrace l'histoire et le cheminement de ce très curieux personnage que certains considère comme un maître spirituel et d'autres comme un gourou peu scrupuleux. Pourtant, ce livre, qui est en fait un essai historique, montre que Martines de Pasqually ne s'est pas enrichi au détriment de ses disciples et qu'il a même été confronté à de sérieux problèmes d'argent.


Mais où la vie de Martines de Pasqually devient passionnante c'est lorsque l'on constate qu'il a eu des appuis de hauts personnages, lui qui a été ouvrier en voiture ou au mieux petit négociant : il possédait une patente, signée par le prince Charles-Edouard Stuart, lui permettant de fonder une loge maçonnique et de créer, quelques années plus tard, l'Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coën de l'Univers ; il a certainement eu de sérieux appuis de la part du duc de Richelieu, maréchal de France, gouverneur de Guyenne et proche de Louis XV : il a été de nombreuses fois reçu par le prince de Rohan, archevêque de Bordeaux, qui l'a introduit à la Cour auprès des ministres, sans parler de ses nombreux disciples de la noblesse.

Soit missionné soit se sentant missionné dans son œuvre paramaçonnique et spiritualiste, Martines de Pasqually a su saisir les opportunités avec finesse et décision pour établir son Ordre. Malheureusement ses ennemis finirent par gagner, il dut quitter Bordeaux
espérant un retour proche. Mais l'éloignement puis la maladie mirent un terme à son grand projet.
Questionnée depuis ses études de lettres classiques par l’intérêt que les hommes portaient aux Ecoles de Mystères dans l’Antiquité, Michelle Nahon a étudié divers domaines spiritualistes, ésotériques, philosophiques, dont la franc-maçonnerie, le rosicrucianisme et le martinisme. Encouragée par Antoine Faivre et Robert Amadou ainsi que par les premières découvertes de documents à Bordeaux concernant Martinès de Pasqually, elle a entrepris, avec passion et sérieux, une recherche approfondie en collaboration avec un enseignant en histoire, Maurice Friot, aide précieuse dans ce travail minutieux de consultation et d’interprétation des archives. Ils ont publié régulièrement leurs découvertes depuis 1983 d’abord dans diverses revues et depuis 1990 dans le Bulletin d’une société de recherches historiques, la Société Martinès de Pasqually, fondée en 1989 à Bordeaux pour retrouver les traces de cet homme mystérieux et de son Ordre. Membre fondatrice de cette Société, elle en est devenue la présidente en 1997 avec l’objectif –réalisé- de préserver la qualité historique du Bulletin et de lui donner une reconnaissance nationale et internationale.
Grâce à cet ouvrage, Michelle Nahon nous permet de découvrir le cheminement spirituel et initiatique du fondateur de la première école de maçonnerie mystique du XVIIIe siècle. Cet ouvrage s’adresse non seulement à tous les adeptes ou passionnés de la Franc-maçonnerie ou du Martinisme mais aussi aux amateurs du Siècle des Lumières. 

Parution aux Éditions Pascal Galodé ICI, le 26 Octobre !



04.10.2011 :







Ringard de chez ringard qu'elle était l'ancienne présentation (je vais encore me faire une copine...) mais là, bravo ! Je ne sais qui (même si je m'en doute) à refondu ce site, voici enfin un véritable espace d'achat convivial, facile d'utilisation et agréable à consulter. Un accès réservé aux membres des deux Ordres associés vient compléter l'ensemble. Une mauvaise langue (?) me souffle à l'oreille (?) : "Oui, c'est bien ! Maintenant, il faut s'attaquer (?) au site de l'O.M.T. (Ordre Martiniste Traditionnel). Même motif (là, c'est un copain que je vais déjà-perdre) même punition" ! 

Dernière parution en date : d'Edward Lee, Le Mysticisme pratique.




C'est ICI 

dimanche 16 octobre 2011

Jollivet-Castellot, les de Lesseps et les de Lambert.

Une curiosité historique.

Entre 1917 et 1919, François Jollivet-Castelot, Président de la Société Alchimique de France, à écrit son livre majeur, Le Destin ou les Fils d'Hermès. D'aucuns prétendent qu'il est une sorte de testament autobiographique. Probablement disent les uns, très certainement affirment les autres. Ceci proposé, souvenons nous qu'il vécut jusqu'en 1937. 


Source illustration :   gravure de Milivoj Uzelac



Natif d'une famille monarchiste bourgeoise et aisée de Douai, il s'identifie au comte Gaston de Lambert, ce qui est tout de même assez paradoxal pour un homme qui prône des idées de "socialisme-rationnel", une sorte de christianisme libéral (il adhérera au tout jeune parti communiste et s'en fera exclure pour ses avancées fourièristes, anarchiques) !

Il faut, bien entendu, se replonger dans l'ambiance de l'époque avant que démettre un jugement tranché.

Qu'importe, la carrière de Gaston de Lambert apparaît comme un véritable "copié-collé" comme il se dit aujourd'hui, avec l'extraordinaire parcours de ce chercheur (voir sur ce même site, son autobiographie).

Paris est un bouillon de culture de l'occultisme, et le Groupe Indépendant d'Études Ésotériques de Papus, auquel adhère Jollivet-Castelot, en est plein développement. Sans y adhérer, la famille de Lesseps fréquentait ce milieu, en particulier Bertrand, ami de Jean-Julien Champagne, de René Schawller de Lubicz. Tout ce petit monde s’intéresse à l'alchimie, ce qui donnera par la suite à un nombre déraisonnable de soit-disant identification de Fulcanelli, le maître d'Eugène Canseliet.

Soutenu financièrement par Bertrand de Lesseps, Champagne, artiste-peintre de talent, se passionne pour la mécanique, à l'aéronautique naissante : il met au point une hélice révolutionnaire, turbo-propulseur, puis entreprend la construction d'un traîneau... Le "tout-Paris" verra bientôt rouler une extraordinaire voiture  propulsée par une hélice !


Source illustration : archerjulienchampagne

Or, peu de temps auparavant, un jeune aristocrate parisien dépose des brevets d'invention, en particulier celui de l'hydroglisseur (1891) et va développer avec fortune son invention qui connaîtra succès dans des compétions nautiques et application utile dans les colonies françaises. Ce jeune homme se nomme... Charles de Lambert !
 
Source illustration : Aviatechno

Détenteur de multiples records aéronautiques, à la une de l'actualité, ce nom est célèbre au début du siècle dernier. Il ne peut pas ne pas avoir rencontré Bertrand de Lesseps, lui-même grand aviateur. On peut toujours rêver, mais parfois trop de coïncidences équivalent à une évidence... Je demeure à penser qu'il fut le véritable inspirateur du nom du héros de François Jollivet-Castelot. 


Source illustration : curiosphère

Charles de Lambert est né à Funchal (Madère) le 30 décembre 1865 et mort à Saint-Sylvain d'Anjou le 26 février 1944. Sa passion pour l'aviation aurait du faire de lui, à la place de Blériot, le premier à survoler La Manche : une météo défavorable l'en empêcha !  Il se consolera le 19 octobre 1909 en survolant pour la première fois la tour Eiffel, et sera félicité par son ingénieur-constructeur ! Par la suite, il se consacrera à sa manufacture, la Société Anonyme des Hydroglisseurs De Lambert.


Ceci exprimé sans aucune prétention, je vous ai livré - sous la lorgnette de la petite histoire - une observation que je trouve amusante et même attachante. Mais il ne faut rien négliger, sans donner trop d'importance !



mercredi 12 octobre 2011

Les Lauriers du mois d'Octobre 2011

Les Lauriers du mois ne sont en aucun cas un label décerné (je n'ai aucune autorité pour ce faire et n'en revendique pas) mais une invitation amicale à visiter un site ou un blog "qui vaut le détour".





Si comme moi, l'envie vous prends de changer d'air, de vous échapper un temps de cet environnemental par trop agressif et clientéliste, si vous aimez les arts et les lettres, la nature, les belles images, la réflexion partagée sans esprit de dénigrement, de prosélytisme, alors visitez ce blog d'un genre nouveau, exprimant la pensée libre d'une chercheuse sincère et véritable !

C'est ICI et vous ne le regretterez pas !

jeudi 6 octobre 2011

Vous avez la parole : Une nouvelle de Dédé 59



VOUS  AVEZ LA PAROLE : une page réservée aux membres qui désirent publier - sous leur entière responsabilité - un texte ou une étude de leur cru, une nouvelle, un texte d'auteur assorti de leur analyse, ou tout simplement développer au delà d'un simple commentaire sur un sujet proposé par le blog. Les règles d'élémentaire courtoisie selon la ligne directrice ici affichée, devront être respectées. Enfin, ne disposant pas d'une équipe d'assistants et de correcteurs, je me réserve de publier ou pas sans avoir à me justifier, écartant d'ores et déjà tout sujet ayant des rapports directs avec la pratique ou l'exercice de la religion et la politique, la vie interne d'une organisation (tout au moins pour ce qui concerne l'apologie, le prosélytisme, etc).



LE MOT DE PASSE



© Pierris, création originale 


Ça faisait longtemps que Roger Grotarez les cherchait, les frangins ! C’est que ça devait être de fameux zigues ! Le jaja et les poulettes, ça devait y aller ! Et comme le Roger, l’était pas manchot… Et pis ça serait utile qu’ils z’y donnent un coup de main, au Roger, histoire de se débarrasser de celui d’en face. Dans la vie, il fallait se battre pour rester au soleil et fallait pas cracher sur toutes les occases à saisir.

Il s’était donc documenté sur leur compte et il avait même découvert leurs rites, leurs signes de ralliement et une partie de leur mot de passe, grâce à une bienheureuse indiscrétion. Ce mot de passe, il était tout simple et avec la première partie, si on s’y prenait adroitement, on pourrait avoir le mot complet. Il s’agissait tout simplement de : « Turlututuchapopointu ». Quant au signe, c’était un peu comme un casse-poignet. Avec ces trésors, il allait enfin en avoir le cœur net et se faire ouvrir les portes de la haute, le Roger ! Restait plus qu’à découvrir le lieu de leur planque et s’y faire admettre.

Il se mit donc en quête des dits « frangins » ; et à chaque fois qu’il était sur une piste, il saisissait vigoureusement la main de son interlocuteur, ou lui murmurait, avec un petit clin d’œil, le mot magique, auquel répondaient souvent l’index pointé sur la tempe, à la cadence de 3 coups. Il commençait à désespérer quand un bienheureux hasard lui en fit rencontrer un, un authentique, un vrai de vrai. Bravement, hardiment, il remonta sa ceinture sur sa bedaine et se dirigea vers son futur interlocuteur, bien décidé à lui en imposer par son allure et son charisme. Droit dans les yeux, il lui murmura sans défaillir : « Turlututuchapopointu » ; ce à quoi l’autre lui répondit d’un air pincé : « Léboufon-sondanlaru ».

Une poignée de main solide, et c’est l’autre qui, d’autorité, lui « cassa le poignet ».
- Roger Grotarez.
- Pierre Taillez.

Cette fois, ça y était, c’était la bonne. Roger commença à l’interroger adroitement, car il savait y faire avec la clientèle. Il recueillit quelques renseignements intéressants, notamment l’adresse du lieu de leur réunion ; au 22 rue du Damier, et même les jours et les heures de leurs réunions ! Muni de ces précieux renseignements, il se promit d’y aller dès la semaine suivante.

C’est ainsi que le jour dit, rasé de près, peigné, parfumé et revêtu de son plus beau costume à carreaux, (car la première impression comptait !), il se présenta au 22 rue du Damier. Il profita de l’entrée d’un couple dans la cour pour se faufiler et entrer là exactement où on lui avait dit. En montant lourdement les escaliers, il sentit son cœur battre de plus en plus fort. Allons, pas de faiblesse ! Le Roger, c’en était un vrai, et pas une grande folle ! S’étant ainsi repris, il sauta les dernières marches et poussa la porte devant lui. La petite salle était décorée avec goût, des plantes vertes égayaient l’atmosphère et une grande bibliothèque laissait admirer ses trésors.


Un homme s’approcha de lui.

- Bonjour.
- Bonjour. Je ne suis pas en retard ?
- N’ayez crainte, vous êtes très en avance. 
- Ah, tant mieux. 
L’homme l’entraîna vers un bureau.

- Si vous voulez bien passer au secrétariat… Voici le registre des visiteurs. Avez-vous vos documents d’affiliation ? 

Le Roger, il s’attendait pas à celle-là ! Les papiers, bien sûr, il les avait pas. Il fallait y aller au culot.

- Je crois que je les ai oubliés chez moi. Vous savez, je suis parti très vite. Mais je peux vous donner le mot de passe ! « Turlututuchapopointu ».

Un peu de sueur venait de perler sur son front. L’homme le regarda avec suspicion et continua à l’interroger.

- Mais quelqu’un peut-il se porter garant de vous ?

Là, le Roger il était bel et bien coincé. Heureusement, la providence vint à son secours quand il vit entrer… Pierre Taillez, celui qu’il avait rencontré l’autre fois.

- Bien sûr, fit crânement Roger. Ce monsieur qui vient de rentrer, là. Il s’appelle Pierre Taillez ; on a discuté ensemble l’autre jour. C’est lui qui m’a donné l’adresse.
- Le vénérable maître lui-même, fit l’homme, admiratif, mais avec une petite pointe d’ironie. Vous ne pouviez pas rêver de meilleur garant. Je vais donc l’avertir de votre visite.

Roger Grotarez respira mieux. Puisqu’il avait affaire au maître lui-même, alors tout irait pour le mieux. L’homme amena le vénérable jusqu’à lui et expliqua la situation :

- Voici un frère qui a oublié ses documents. Comme vous semblez vous connaître, j’ai jugé bon de vous en informer.
- Vous avez bien fait, dit le vénérable. Je suis sûr que notre frère saura attester de lui-même qu’il a bien été reçu conformément à nos statuts. Si vous voulez bien le conduire à mon bureau, j’arrive tout de suite.

L’homme, qui était donc le secrétaire, conduisit Roger Grotarez dans une pièce sombre, le fit asseoir, alluma une petite bougie et referma la porte.
Roger commença à s’inquiéter et se demanda à quelle sauce il allait être mangé s’ils découvraient la supercherie. Au bout d’un quart d’heure, qui lui sembla une éternité, Pierre Taillez entra dans la pièce, tourna le variateur et s’assit en face de son interlocuteur. 

- Et bien, mon ami, vous nous faites l’honneur de votre visite ? Ça nous fait bien plaisir. Vous voudrez bien pardonner ces procédés, mais vous comprendrez aisément qu’ils ne servent qu’à écarter les indiscrets. Si vous voulez bien, nous allons reprendre notre petite conversation de l’autre jour. Vous alliez me révéler l’endroit où vous avez reçu la lumière…

Là, plus question de reculer. Heureusement, Roger Grotarez se souvint du nom et de la ville qu’il avait vus dans un reportage sur TF1, les lui communiqua et indiqua même la date de sa réception. Pierre Taillez hocha la tête en souriant. Le local en question avait fermé il y a 5 ans… pour se retrouver au 22 rue du Damier.

Le vénérable continua son interrogatoire. 


Roger Grotarez, se souvenant de ce qu’il avait appris, répondit comme il put, mais toujours avec aplomb. Apparemment, l’interrogatoire était une promenade de santé car il avait l’impression que l’autre ne demandait qu’à se laisser convaincre. C’est ainsi que l’entretien se termina. Pierre Taillez se leva et lui dit :
- Je m’absente un petit moment, le temps de donner quelques instructions au secrétaire et je reviens tout de suite.

Roger Grotarez s’élargit sur sa chaise, assez satisfait de lui-même. Il se félicita de sa mémoire, de son esprit de répartie, de sa sagacité et surtout, de l’autorité naturelle qui émanait de lui-même et qui avait subjugué son interlocuteur. Il remporté l’épreuve avec succès et il avait hâte de voir la suite, histoire d’en remontrer aux copains.

Le vénérable revint dans son bureau et s’assit. Sa physionomie était devenue sévère. Roger Grotarez recula instinctivement.

- Cher monsieur, reprit Pierre Taillez, je crois qu’il est temps de mettre fin à cette mascarade qui ne nous apportera rien ; ni à vous, ni à nous. Vous avez voulu forcer la porte de nos locaux pour des raisons que je ne m’explique pas et vous vous êtes revêtu d’une qualité que vous ne possédez pas encore. Oh, je reconnais que vous avez une bonne mémoire et que vous avez bien récité votre petite leçon, mais vous avez commis des erreurs que ne commettraient pas le plus ignare des débutants. Vous avez donné un mot de passe qui n’a plus cours depuis des décennies et cité un local que j’ai moi-même fréquenté il y a 5 ans ; et je ne me souviens pas vous avoir reçu dans la forme voulue.
- Mais…
- Croyez-vous qu’il suffit de recueillir bêtement ce que des parjures croient bon de livrer au tout-venant alors qu’il y a des choses qui doivent rester non pas cachées, mais réservées si on veut qu’elles atteignent leur objectif ? Pensiez-vous vraiment qu’il suffit de susurrer ceci ou cela pour se faire ouvrir les portails de nos locaux ? Les choses sont beaucoup plus simples que vous le pensez. Et puis, réfléchissez un peu : nous sommes dans une société où le côté administratif, s’il complique certaines choses, en rend d’autres plus pratiques. Pour être accepté, il suffit de présenter ses documents en règle, qui prouvent votre appartenance, tout simplement. Chacun sait cela et accepte de s’y conformer. Si vous aviez été celui que vous prétendiez être…

Roger Grotarez s’était tassé sur sa chaise et n’osait plus lever la tête. Pierre Taillez reprit :

- La seule chose qui vous aurait permis d’être admis, c’est votre désir pur et sincère de participer à nos travaux et non une certaine avidité que je devine. Nos portails sont entrouverts mais il faut oser y frapper et se présenter tel que l’on est, sans avoir besoin de recourir à des artifices grossiers. Si vous voulez simplement garnir votre carnet d’adresse, cela prouve tout simplement que vous n’avez confiance ni en vous-même, ni en vos capacités. Dès lors, à quoi ou à qui pourriez-vous être utile ? L’ambition est un puissant moteur et une aide précieuse si elle contribue à nous révéler à nous-mêmes. Sans elle, rien d’utile et de solide ne peut se faire et vous le savez très bien, mais tout dépend de l’orientation qu’on lui donne. Votre ambition est-elle à votre service, ou est-ce vous qui en êtes l’esclave ? Vous seul pouvez y répondre, pas moi.

Roger Grotarez ne disait plus rien. Il ressemblait à un enfant pris en faute qui allait se mettre à pleurer. Pierre Taillez reprit, d’un ton plus égal :

- Monsieur, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait ; je ne sais pas ce qu’il adviendra de vous, mais je vous conjure de revoir les principes qui vous gouvernent. Faites bien à fond votre examen de conscience, déterminez par vous-même ce qui est noble de ce qui est vulgaire, essayez de vous y conformer dans une certaine mesure et si jamais vous manifestiez de nouveau un quelconque intérêt pour nous, cette fois-ci désintéressé, alors nous nous ferions un plaisir de répondre à toutes vos questions légitimes.
Roger Grotarez ne fit que hocher la tête. Le vénérable reprit :

- Cher Monsieur, il se fait tard et je vois que cet entretien vous a beaucoup éprouvé. Aussi allons-nous vous raccompagner jusqu’aux portails extérieurs.

Et, se levant, il invita son interlocuteur à en faire autant, ouvrit la porte et le confia à un membre resté en sentinelle. Roger traversa la pièce sous les regards étonnés, goguenards ou scandalisés de l’assemblée, et repartit comme il était venu, honteux comme pas deux.

                                                                             
                                                                                 Dédé 59

26.09.2011


Illustration de Pierris (Qu'il soit remercié pour cette création originale).

samedi 1 octobre 2011

Éditorial du mois d’Octobre 2011



OCTOBRE 2011






Bonne rentrée pour "votre" blog qui avait perdu la moitié de ses lecteurs pendant les deux mois de congés - ce qui paraît normal - et qui les a tous retrouvés (et non "récupérés") en moins de 30 jours. Merci à tous pour votre fidélité ! Au fil des mois, nous avons tissé des fils amicaux et fructueux, j'y suis très sensible.

Dans le précédent éditorial j'avais évoqué mes péripéties sur la avantages et inconvénients de Groupes Facebook et conclu que les "Groupes-ouverts" présentaient plus d'inconvénients que d'avantages; qu'il me semblait même évident qu'en ce qui concernait (par exemple) la franc-maçonnerie, c'était tout simplement incompatible.

Depuis (le hasard n'existe pas), j'ai été invité - par un lecteur attentif, sans doute -  sur un "Groupe-fermé" où j'ai trouvé chaleur et tolérance, un groupe qu'il ne m'est pas possible de nommer mais que quelques membres de ce blog reconnaîtront sans peine (Il évoque deux des 4 éléments primordiaux)... Quand je considère le nombre d'amis FB glané, parfois... vertigineux de 1000 ou 2000, je me pose des questions sur l’intérêt et surtout des possibilités de communication : c'est pourquoi en essayant de me limiter à un chiffre raisonnable, je crois pouvoir gérer et participer en à un groupe sérieux, apolitique et areligieux. Une sorte de béquille dans un espace un peu fou !

En publiant la fiche biographique de Raymond Bernard, je n'avais pour ambition qu'un ajout incontournable à la série Grandes figures passées, je ne m'attendais pas à ce que vous battiez un record, celui de vos commentaires ! Il m'a d'ailleurs fallu fermer la fonction, pour éviter un forum et quelques dérapages prévisibles sur un sujet qui demeure sensible, malgré le temps. Je n'ai  bien évidemment pas à juger, je crois avoir accompli mon travail correctement et sans parti-pris (ce qui aurait été le cas si je n'avais pas publié). D'autant, que je sache, Robert Ambelain ou Raymond Bernard ne ressemblent en rien à Aleister Crowley qu'il me faudra bien "croquer" un prochain jour !


Je suis heureux d'avoir introduit le mois dernier la rubrique VOUS AVEZ LA PAROLE et de publier très prochainement une nouvelle inédite d'un membre récent, Dédé 59, illustrée par mon ami Pierris, humoriste et auteur de Délires d'initié, aux Éditions MaçonniquesIl a pour la circonstance, créé une oeuvre originale, qu'il en soit vivement remercié. Mais il faut aussi que la "parole circule" et j'attends avec impatience vos propositions !

Spécial membres :

Accueillons Redjino Premier, Dédé 59, Edwin, Messire Gauvin et Jean-Luc Fau, bienvenue à tous les cinq. Je vous rappelle que la qualité de "membre" vous permets de soumettre un texte dans la rubrique VOUS AVEZ LA PAROLE.

Votre ami, votre frère,

Jacques Courtois