mardi 17 mai 2011

Billet d’humeur : de la fidélité en amour comme en amitié.


 Illustration : missboby

L’actualité (affaire D.S.K.*) nous offre un nouvel exemple du mépris des valeurs humaines en général, de l’amitié en particulier.

Je n’évoquerai pas le fonds de l’affaire,  puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, l’on ne sait pas encore - les guillemets sont importants – qui du soi-disant "agresseur" ou de la soi-disant "agressée", est LA victime.

Et c’est précisément le point crucial que je veux développer.

Il y a des amis qui n’attendent même pas que la vérité soit faite pour s’écarter, de peur d’être éclaboussés. On devient infréquentable !

Il y a ceux  qui attendent de voir dans quel sens le vent va tourner pour donner une opinion, voire un jugement. On devient  un objet, une marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande !

Enfin, il y a ceux qui n’attendent rien du tout pour manifester leur fidélité, contre vents et marées, qui répondent présents dans l’adversité, dans le malheur des jours tristes comme au temps des jours heureux, n'ont pas honte ou peur de !

On ne prend pas son temps, c’est à effet immédiat ou jamais ! Dès demain, il sera pour toujours, trop tard...

Retirer son amitié est un acte grave, voire même impossible : à toute chose comparable, c’est comme vouloir effacer une initiation  ou un baptême.

L’amitié, c’est aussi et surtout accepter l’autre avec ses différences qu’on ne peut pas ne pas connaître préalablement, car c’est une construction longue et patiente. C’est donner le droit à l’erreur.

Une fois scellée, l’amitié ne peut se défaire sous prétexte d’une actualité désagréable ou pénalisante : c’est  bien au contraire l’occasion de la manifester, dans l’opprobre, voire même la déchéance : cela se nomme la fidélité dans l’amitié.

Si un ami catholique se convertit à l’islam, ou de sensibilité de gauche passe à droite, entre dans une secte** ou … change de sexe, vais-je lui retirer pour autant (je veux dire si peu) mon amitié ?

Etre fidèle en amitié… En d’autres temps, cela à probablement conduit à l’échafaud les amis de Danton ou de Robespierre, au peloton d’exécution les amis de résistants ou de… collabos, massacrer les amis de dictateurs (non complices bien sur, tous étrangers aux agissements des suppliciés) !

Oui, il faut du courage pour rester fidèle en amitié, je le concède, mais n’est-ce-pas aussi la démonstration ultime du véritable amour de l’autre, du prochain ?

Je me souviens d’avoir apporté des oranges à un ami en prison (bon, d’accord, il n’avait violé personne, c’était fiscal, faux en écriture,  abus de biens sociaux, mais son épouse, elle, à divorcé).


Dans les jours qui viennent, D.S.K. (qui n’est pas mon  ami) comptera – quoi qu’il arrive, et ça, c’est terrible – beaucoup moins d’amis… Au moins saura-t-il à qui s’en tenir !


Ajout du 18.05.2010 :


L'heureuse contribution d'un commentaire (le second dans la liste) m'offre une nouvelle possibilité de développement.


Cet habitué du blog m'écrit :
La fidélité en amitié. Voilà une valeur capitale et ô combien rare de nos jours. Néanmoins, jusqu'où doit aller cette fidélité ? Porter des oranges à un fraudeur, bien sûr... Mais si l'on découvre que l'ami est un assassin - non pas un crime passionnel mais bien un tueur de sang froid ou tout aussi grave (sinon plus), que faire si l'ami est un violeur ?!? Doit on (et je pose vraiment la question) soutenir ouvertement un malfaiteur au mépris du malheur qu'il sème ? Car la victime, elle, sa vie est brisée. N'y a t il pas un moment ou la fidélité entre en concurrence avec la compassion due à la victime ou simplement avec le sentiment de justice ? 
Précision : par "soutenir", j'entends moralement, psychologiquement, bien évidement pas dans l'action de défense.


La question posée est effectivement capitale, à multiple facettes, et dans le cas présent, il serait injuste de les dissocier. OUI ! La fidélité et la compassion doivent être observées, personnellement, je ne pense pas qu'il y ait concurrence. Surtout et j'ai insisté sur ce point, dans la phase de doute, d'ignorance et d'incertitude. C'est là, uniquement, que se place ma réflexion. Une fois les faits avérés  que se passe-t-il ? Dans bien des cas, un sentiment de répulsion, la tentation d'abandon. Ne nous laissons pas entraîner au delà du simple exemple par le prétexte que j'ai pris, sous les projecteurs de l'actualité. 
Je suis outré de voir que beaucoup d'élus prennent la défense de l'accusé. Un devoir de réserve eut été beaucoup plus sain car s'il est réellement coupable, prendre sa défense friserait l'abjection par rapport à la victime.
Il est intéressant d'observer qu' à ce jour, nous n'avons pas encore entendu un mot, encore moins une explication de "l'inculpé", c'est à dire sa version des faits. De même pour "la victime". C'est peu banal, surtout dans notre culture européenne, pour que cela soit remarqué. Un élu à des devoirs mais aussi des droits. Il me semble normal - je n'en suis pas outré - qu'une poignée d'élus exprime son attachement à la personne, doute, soutienne car c'est... tout simplement humain, même si le crime (s'il y a) est horrible. Pourquoi lui refuser, avec le risque considérable pris pour la carrière politique des intéressés, alors qu'une quantité (inconnue par définition) d'anonymes le fait ?


Ce que je veux dire, mon cher Jacques, c'est que la fidélité en amitié (et en amour) si elle doit être un pivot de la vie (et de la vie spirituelle) doit néanmoins s'assortir d'un amour pour l'ensemble des individus, d'un discernement et d'un sens de la justice sinon ce n'est plus de l'amitié mais une fidélité mal placée... Nous avons aussi un devoir d'amitié et d'amour vis à vis de l'anonyme.
Nous sommes parfaitement d'accords. 


Il ne s'agit pas de donner son amitié à un criminel, passé en phase expiatoire (ce qui est tout-à-fait différent) mais de lui garder celle déjà donnée pour lui apporter son soutien moral dans l'épreuve, tout comme cela doit se faire (et se fait) pour la victime. 


Je précise qu'une fois "les faits avérés", mon comportement (accompagnement) serait dans la sévérité la plus stricte pour le coupable-ami et ma compassion réservée uniquement à l'innocente victime !


Il sera toujours temps de prendre ses distances face à l'insoutenable, mais ce n'est pas le débat, tout-au-moins dans la phase que j'ai choisie. 


11 heures 30:


Rien n'y fait ! tous les commentaires parvenus depuis, veulent aborder le sujet  exclusivement sur l'affaire D.S.K. :
Ceux adressés par les lectrices se placent uniquement sur l'angle des femmes battues et violées, s'exprimant avec partialité, mauvaise foi***, parfois avec violence assorties d'insultes (à mon endroit). 
Les autres sont franchement politiques.


Je regrette que le débat ne se poursuive pas sur le thème original, qui méritait lui un esprit ouvert, généreux. 
Je suis terrifié par les certitudes des uns et les conceptions d'un autre âge des autres. Restons barbares !


Il m'a été fait remarque  - courtoisement cette fois - que j'ai peut-être eu tort de prendre un exemple en plein feu de l'actualité. Probablement, j'en assume la responsabilité, car c'est justement dans ce "timing" là que se joue (ou pas) la marque de fidélité (mais je me répète). Aurais-je choisi Landru (condamné) ou Dreyfus (réhabilité) que l'on m'aurait  - à juste titre - accusé de partialité. Ce n'est pas facile de se faire comprendre, encore plus de se faire entendre par des oreilles bouchées de parti-pris ! Je les invite à relire une seconde fois mon texte, j'ose espérer une meilleure compréhension, plutôt que s'offrir à petit prix un défouloir, ou se livrer pitoyablement à un procès d'intention. 







* Dominique Strauss-Kahn.
**Rosicrucianisme, martinisme ou franc-maçonnerie sont dans notre pays, très souvent assimilés comme tel.
*** : je ne prends pas la défense de D.S.K., faut-il donc le préciser à nouveau ? A lire, j'en conclus que, parce que c'est D.S.K., rien n'est défendable, aucune thèse n'est soutenable, que  les carottes sont cuites ! 

7 commentaires:

  1. Il y a des gens qui se plaignent qu'on ne parle pas de la personne agressée, mais : 2 jours plus tard, on ne connaît toujours pas son nom, aucune photo, elle a eu droit à une porte dérobée pour entrer dans le commissariat alors que le journaliste venait juste de dire qu'il n'y avait aucune porte dérobée pour justifier la marche à pied de 20 mètres de DSK !

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  2. Je ne modère pas ce message mais juste pour rappeler QUE CE N'EST PAS LE SUJET ! Que je ne publierai aucun commentaire à l'avenir, que cette affaire judiciaire en cours n'a pas sa place sur ce blog. Le fait a été cité uniquement - et c'est clairement établi - pour interpeller sur l'amitié, la fidélité en amitié.

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  3. Mon cher Jacques,

    Toujours en harmonie avec ce blog, je le suis une fois de plus sur le fond mais, je dois reconnaitre, pas dans l'exemple cité. La fidélité en amitié. Voilà une valeur capitale et ô combien rare de nos jours. Néanmoins, jusqu'où doit aller cette fidélité ? Porter des oranges à un fraudeur, bien sûr... Mais si l'on découvre que l'ami est un assassin - non pas un crime passionnel mais bien un tueur de sang froid ou tout aussi grave (sinon plus), que faire si l'ami est un violeur ?!? Doit on (et je pose vraiment la question) soutenir ouvertement un malfaiteur au mépris du malheur qu'il sème ? Car la victime, elle, sa vie est brisée. N'y a t il pas un moment ou la fidélité entre en concurrence avec la compassion due à la victime ou simplement avec le sentiment de justice ?
    Dans cet affaire mais qui a valeur d'exemple, je suis outré de voir que beaucoup d'élus prennent la défense de l'accusé. Un devoir de réserve eut été beaucoup plus sain car s'il est réellement coupable, prendre sa défense friserait l'abjection par rapport à la victime. A moins que l'anti américanisme typique de la France (surtout au PS) prenne le pas sur le sens de la défense des plus faibles, ce qui dénoterait aussi d'un autre type d'abjection carrément raciste. Ce que je veux dire, mon cher Jacques, c'est que la fidélité en amitié (et en amour) si elle doit être un pivot de la vie (et de la vie spirituelle) doit néanmoins s'assortir d'un amour pour l'ensemble des individus, d'un discernement et d'un sens de la justice sinon ce n'est plus de l'amitié mais une fidélité mal placée... Nous avons aussi un devoir d'amitié et d'amour vis à vis de l'anonyme.

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  4. Je vous remercie pour votre commentaire, modèle du genre et qui entre parfaitement dans la forme, dans la ligne que je souhaite donner à ce blog. Je vais très largement m'en servir pour un ajout. A bientôt !

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  5. Bonsoir mon frère,

    Puis-je me permettre ? Surtout restez comme vous êtes, restez entier et spontané, ne changez pas une once de votre sincérité de cœur et de votre honnêteté d'esprit.

    Vous ne hurlez pas avec les loups ? Quelle importance ! Vous ne sifflez pas avec les serpents ? Et alors !
    Pour ma part, votre développement sur l'amitié m'a beaucoup intéressée et j'y souscris pleinement.

    Maintenant, que vous ayez pris l'actualité comme "poil à gratter", c'est certain, cela vous ressemble beaucoup mais c'est votre "patte", votre style d'expression. Que ceux qui ne l'aiment ou ne la comprennent pas, arrêtent de surfer sur votre blog. Voilà tout.

    Pour le reste, en y réfléchissant un tout petit peu, ce n'est pas le premier procès ultra-médiatisé que nous connaissons et ce ne sera certainement pas le dernier. La vérité finira bien par être connue et justice par être rendue.
    Alors, relativisons un peu et continuez de nous régaler avec votre Chambre des Echos.

    Bien fraternellement.

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  6. Je vous remercie pour votre commentaire, Smaragdus, il me fait chaud au coeur, à bientôt !

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  7. Pour être plus précis, cet article aurait pu s'intituler "De l'amitié et de l'amour en politique". Le "cas DSK" n'est pas isolé et il serait nécessaire de rappeler la mésaventure de François Mitterand, pour rester dans le même bord politique, ou d'autres. Ce qui est "remarquable", c'est que ces travers réels ou supposés dans lesquels sont tombés ces hommes sont impardonnables pour des hommes publics, censés incarner une morale rigoureuse, un peu comme des messies républicains. On ne passera jamais rien à un homme public et c'est ce qui explique la férocité des attaques et l'éternelle rengaine:"tous pourris". Exiger la perfection d'un tel ou d'une telle, c'est lui faire porter un fardeau qu'il ou elle n'est pas capable de porter, ou du moins, porter seul. C'est pourquoi l'amitié, chose extrêmement rare en politique, ne doit pas s'accommoder de complaisance mais être exigeante dans les 2 sens, aussi bien pour celui qu'on voit que pour celles et ceux "de l'ombre." Il n'est pas nécessaire d'inventer des garde-fous officiels, sinon, ce serait à désespérer (un "comité d'éthique" sous contrôle de l'état serait les prémisses d'une certaine forme de dictature) mais il est nécessaire que ceux qui envisagent une carrière politique adhèrent à une éthique rigoureuse, et n'hésitent pas à faire le ménage si leurs compagnons de route trahissent leurs valeurs communes. La "fidélité", la "loyauté" ne doivent pas être des valeurs absolues, sinon ce serait faire preuve de faiblesse et faire preuve d'un esprit de caste au mépris de la plus élémentaire justice. Autrement dit, l'essentiel reste le discernement et la fidélité à ses propres valeurs, au risque de briser tout lien avec celui ou celle qui, au nom de la "solidarité", de la "camaraderie", de l'"amitié", exigerait de nous de commettre ou de couvrir des actes contraires à la loi ou à la morale la plus élémentaire; et cela vaut aussi bien pour les hommes publics que pour le reste de la population. Maintenant, pour jeter un pavé dans la mare, jusqu'où doit aller le soutien et le respect de la parole donnée? Celui ou celle pour qui certains travers sont devenus un mode de vie,et qui n'a aucune envie de s'en défaire, qui n'écoute personne, n'en fait qu'à sa tête et multiplie les actes "limites", faut-il le ou la soutenir mordicus? Grave question, à laquelle personne n'a encore trouvé de réponse définitive (ce serait trop simple). Bref, la question est: "fidélité ou entêtement"?

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