vendredi 19 février 2010

Série : Grandes figures du passé, François Jollivet-Castelot








François Jollivet-Castelot, 1874-1937





Né à Douai le 18 juillet 1874, dans un milieu aisé, très bourgeois et d’origine…bretonne, François Jollivet-Castelot est classé dans ce cercle spécifique qu’il est convenu d’appeler « Les Occultistes de la Belle Époque ». En fait, de par ses positions modernistes et sa pratique d’une alchimie contestée, il s’en démarque sensiblement et fera preuve toute sa vie d’un grand individualisme, d’une certaine ambigüité puisqu’à la fois en recherche d’une reconnaissance sociale et en même temps timoré à occuper le devant de la scène.

Qui est-il ?

Un alchimiste, assurément. Un néo-alchimiste d’après lui-même, un archimiste selon Georges Richet (Auriger) et Jacques Sadoul, un hyperchimiste d’après André Savoret. Plus nuancé le jugement de Canseliet, qui biaise à son habitude. En tous cas, Jollivet-Castelot est plus charitable qui ne s'encombre pas de mystères : il publie l'intégralité de ses recherches, en particulier dans un numéro groupé (4,5 et 6 de 1926) de la Rose+Croix resté un must,  D’aucuns prétendent que son livre majeur, Le Destin ou les fils d’Hermes, est une sorte de testament-autobiographique. Probablement disent les uns, très certainement affirment les autres. Ceci écrit, souvenons-nous tout de même que la dite autobiographie se clôt en 1918 et que François Jollivet-Castelot vécut jusqu’en 1937 !


De cette longue carrière, nous n’en dirons pas davantage, c’est l’aspect le plus connu du personnage et nombre d’ouvrages, de sites et de blogs sont à portée des amateurs. Ce qui nous intéresse au premier chef ici, c’est (d’essayer) de retracer son itinéraire initiatique

• 1889 : Membre du G.I.E.E., Groupe Indépendant d’Études Ésotériques, dés sa création par Papus et qui deviendra en 1894, l’École Hermétique
• 1890 : S’affilie à l’O.K.R.C., Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix, dés sa création par son ami Stanislas de Guaita.
• 1895 : Rencontre avec August Strindberg, le dramaturge suédois, qui deviendra un fidèle disciple.
• 1896 : Création le 1° aout, de la revue Hyperchimie
• 1897 : Initiation à L’Ordre Martiniste. Papus le nomme ipso-facto Délégué-Général du Suprême-Conseil.
- Fondation de la S.A.F., Société Alchimique de France (à ne pas confondre avec la S.A.F., Société Astronomique de France crée 10 ans plus tôt par son ami Camille Flammarion). Les Conseillers (membres)-fondateurs qui le soutiennent sont Gérard Encausse (Papus), Yvon Le Loup (Sédir), Docteur Emmanuel Lalande (Marc Haven), Stanislas de Guaita, Albert Faucheux (Charles Barlet) et René Philippon (Tabris). Figurent dans la liste des membres d’honneur, Camille Flammarion, August Strindberg. En fait, cette nouvelle société succédait à la Société Alchimique de son maître, Albert Poisson, sans en reprendre le nom.
- Il collabore avec les revues Le Voile d’Isis (où il est parfois sévèrement étrillé) et l’Initiation.
- Il se passionne pour la recherche médicale, en particulier de la « métallorapie », étude de l’action aesthésogène des métaux sur la peau.
- Fondation, à son domicile, de la Loge Isis de la Société Théosophique Indépendante, de laquelle il avait reçu une patente régulière. Y adhèrent Edouard Deroge, Jules Lassus, Achille Declève, Henri Delimes, Marcel Ginoux : tous furent initiés au martinisme.
- C’est probablement durant cette période qu’il adhère à la Société Magnétique de France, crée par Hector Durville en 1887.
• 1898 & 1899, il est professeur de médecine-spagyrique à la Faculté des Sciences Hermétiques fondée par Papus.
• 1900 : Participation au Congrès Spirite et Spiritualiste International (Hôtel de la Société des Agriculteurs à Paris).
- Parution des Sciences Maudites, sous sa direction avec Paul Ferniot et Paul-Redonnel, aux Editions de "La Maison d'Art".
• François Jollivet-Castelot adhère à l’éphémère, généreuse et utopique U.I.U. (Union Idéaliste universelle) fondée par Papus.
• 1902 : Création de la revue Rosa Mystica. Participation à des séances spirites, voire de théurgie au 5 rue de Savoie, en compagnie de Papus. Les relations se durcissent avec ce dernier, la brouille puis la rupture est proche.
• 1904 : Création de la revue Horizons de la science et de la pensée. Il y développe ses idées de « socialiste-rationnel » une sorte de christianisme libéral (il adhèrera au tout jeune parti communiste qui verra le jour quelques décennies plus tard et s’en fera exclure pour ses idées fouriéristes, anarchistes). Sa liaison avec Papus est terminée depuis longtemps.
• 1920 : La revue Horizons devient Rose+Croix et paraîtra jusqu’en 1937. Elle sera reprise par Jeanne Guesdon, après la seconde guerre mondiale, avec le même logo. Elle est toujours actuellement la revue traditionnelle de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix A.M.O.R.C.
• 1922 : Dans la revue Rose+Croix, article de propagande sur « la tentation communiste » !
• 1924 : Incendie de son hôtel particulier rue Saint-Jean à Douai (son laboratoire est miraculeusement épargné). Il réside alors à Sin-le-Noble (Nord), villa "Villerose", rue du Calvaire.
• 1926 : Premier contact le 9 avril ( ?) avec Harvey Spencer Lewis, Imperator de l’A.M.O.R.C. qui le nomme membre honoraire de l'A.M.O.R.C. d'Amérique fin du mois de mai. Cette relation selon Serge caillet, resta épistolaire et les deux hommes ne se seraient rencontrés que dans les années 30.
- Il crée… l’U.C.S., l’Union Communiste Spiritualiste, au grand dam de la bourgeoisie douaisienne !
• 1929 : Prophétique, il préconise la fondation des Etats-Unis d’Europe, dans l’éditorial de la revue Rose+Croix
• 1934 : Contrairement à ce qui a été prétendu, F. Jollivet-Castelot n’a pas participé au premier Convent de la F.U.D.O.S.I. (Fédération Universelle des Ordres et Sociétés initiatiques) mais à délégué August Reichel pour représenter la Société Alchimique de France.
• 1937 : Victime d’un accident de voiture à Bourganeuf (Creuse), il décède à l’âge de 63 ans.

Correctif du 28 mai 2010

Un membre, observateur attentif, apporte une très importante contribution en me signalant une énorme bourde-boule de neige. Merci à lui !
Il a relevé pas moins de trois années différentes, 1868, 1874 et 1878 quant à la naissance de François Jollivet-Castelot, et ce auprès d’auteurs, d’institutions ou d’encyclopédie-internet bien connus ! Et tout le monde de reprendre (y compris Réflexions sur trois points…) contribuant ainsi à une grande confusion.




  • François Jollivet Castelot est né le 8 juillet 1874 à 4 heures 30, à Douai, (59) France.

Où et quand est-il décédé des suites d’un accident de la circulation ?
Eh bien ! Deux dates 1937 et 1939, avec une variante sur le lieu… Clairac (Lot et Garonne), Bourganeuf (Creuse) !




  • François Jollivet-Castelot est mort le 22 avril 1937 à Bourganeuf (23) France.
Ainsi qu’en témoigne l’avis de faire-part du Figaro en date du 24 avril 1937 :

On apprend la mort, survenue
à la suite d'un accident d'automo-
bile qui s'est produit à Bourganeuf
(Creuse), de M. François Jollivet-
Castelot, président de la Société
d'Alchimie, de France. Originaire
de Douai où il était né en 1874,
M. Jollivet-Castelot s'était livré à
des recherches en vue de la fabri-
cation synthétique de l'or.
Le corps va être ramené à Douai
où auront lieu les obsèques.




La Bibliographie de François Jollivet-Castelot (Fonds de la BnF) :

L’Alchimia, sommario storico, di F. Jollivet-Castelot.
Ed. Detken et Rocholl. 1900. (Biblioica esoterica italiana).
B. N. - 8° R. 23548
Les Sciences Maudites.
Ed. 1900. Paris. B. N. - 4° R. 225
• A Grande obra alchimica, brochure de propaganda de ...
Ed. Corriera. 1901. Coritiba. B. N. - 8° Pièce 12300
Alchimica antica e moderna, sintesi dell’oro, ...
Ed. Partenopea. 1921. Napoli. B. N. - 8° R. 317
Bréviaire alchimique. (Strindberg August). Lettres à Jollivet-Castelot.
Ed. 1912. Paris. B. N. - 8° R. 25911
• La vie et l’âme de la matière ; essai de physiologie chimique, études de dynamochimie.
Ed. Sté. d’édition scientifique. 1892-1893. Paris. B. N. - 8° R. 14081
Ed. du Cosmogone. (réédition 2001). ISBN 2-909781-97-
L’Alchimie. Brochure.
Ed. Mercure de France. 1896. B. N. - 8° R. Pièce 6290
Etudes d’Hyperchimie : Chimie et Alchimie.
Ed. Nourry. 1928. Paris. B. N. - 8° R. 36256
Ed. 1961.
Essai de Synthèse des Sciences Occultes.
Ed. Nourry.
La fabrication chimique de l’or. (procédés Jollivet-Castelot). Texte français ; traductions anglaise, allemande et espagnole.
Ed. Nourry. Paris.
Le Grand Œuvre alchimique. (Brochure de propagande de la Société Alchimique.).
Ed. L’Hyperchimie. 1901. Paris. B. N. - 8° R. Pièce 12239
• La Médecine Spagyrique.
Ed. Durville. 1912. Paris. B. N. - 8° Te131. 184
Ed. Du Cosmogone, Lyon. Fac-similé de l'édition de 1912. ISBN 2-909781-53-4
Comment on devient alchimiste, traité d’hermétisme, d’art spagyrique, Préface de Papus.
Ed. Chamuel. 1897. Paris. B. N. - 8° R. 14409
Ed. D’Aujourd’hui. 1985. Plan-de-la-Tour. (Les Introuvables).
B.N. Impr. 16-Z-17080
Fac-similé de l’édition de 1897. ISBN 2-7307-0286-5
Ed. Rosicruciennes. 1988. Villeneuve-Saint-Georges.
(Bibli. Rosi. ISSN 0768-4320)
B.N. - Impr. 8-H-10137
Fac-similé de l’édition de 1897. ISBN 2-85095-082-3
Diff. traditionnelle. 1993. Le Tremblay, Château d’Omonville.
B.N. - Impr. 16-R-35502 ISBN 2-908353-16-4
La synthèse de l’or. L’unité et la transmutation de la matière. Brochure.
Ed. Daragon. 1908-1909. Paris. B. N. - 8° R. 22232 et 8°. R. Pièce 11796
Ed. du Cosmogone. 1994. Lyon.
B.N. - Impr. 16-V. Pièce 4899 ISBN 2-909781-12-7
Le destin ou les Fils d’Hermès. Roman ésotérique.
Ed. Chacornac. 1920. Paris. B. N. - 8° Y2. 65044
La Science Alchimique. Avec des reproductions de gravures anciennes, et une vue du laboratoire de l’auteur.
Ed. Bibliothèque Chacornac. 1904. Paris. B. N. - 8° R. 21066
Ed. du Cosmogone. (réédition). ISBN 2-909781-33X
Croquis Scientifiques et Philosophiques.
Ed. H. et H. Durville. 1912. Paris. B. N. - 8° R. 25379 et 25509
• Natura Mystica ou le Jardin de la Fée Viviane.
Ed. Chacornac. 1920. Paris. B. N. - 8° Y2. 65043
L’Hylozoïsme. Brochure.
Ed. Chamuel. 1896. Paris. B. N. - 8° R. 13503
La Rose + Croix, revue mensuelle synthétique des sciences d’Hermès.
Ed. 1920 à 1922. B. N. - R. 1410

Illustration : gravure de Milivoj Uzelac (d’après la célèbre photo prise dans le laboratoire, reproduite plus bas) et publiée dans le numéro spécial Le Voile d’Isis,l’Alchimie, N° 84, Décembre 1926, page 705.

2 commentaires:

  1. Merci de faire sortir ce personnage de l'ombre. Il ne faudrait pas toutefois oublier sa vision sociale particulière d'un communisme spiritualiste, idée qu'il développe dans plusieurs de ses ouvrages qui ne figurent pas dans votre bibliographie.

    Permettez une suggestion sur ce point, un classement alphabétique serait plus confortable pour la recherche.

    Voici quelques titres qui me semblent absents de votre liste :
    - Au Carmen, roman mystique, Paris, Charcornac, 1920
    - Communisme spiritualiste (Le), Sin-Le-Noble, La Rose-Croix, 1925
    - Influence de la lumière zodiacale sur les saisons, Lille, 1894
    - Jésus et le communisme, Sin-Le-Noble, La Rose-Croix, 1926
    - Loi de l’histoire (La), Paris, Chariot, 1933
    - Natura corpus de la religion de la science et la science de la religion, Paris, 1933
    - Nouveaux évangiles, Paris, Chacornac, 1905

    Aladen

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  2. Je vous remercie, Aladen, d'avoir adressé votre commentaire et pour les précieuses indications qu'il contenait : le fonds de la BnF a complêtemement gommé cet aspect (que je développe néanmoins dans l'article) de ce personnage pour le moins original mais attachant sur bien d'autres choses !
    Je rectifierai le classement dés que possible.

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