r

r
Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

vendredi 28 décembre 2012

Vous avez la parole: L'Ego duelliste


VOUS
  AVEZ LA PAROLE : une page réservée aux membres qui désirent publier - sous leur entière responsabilité - un texte ou une étude de leur cru, une nouvelle, un texte d'auteur assorti de leur analyse, ou tout simplement développer au delà d'un simple commentaire sur un sujet proposé par le blog. Les règles d'élémentaire courtoisie selon la ligne directrice ici affichée, devront être respectées. Enfin, ne disposant pas d'une équipe d'assistants et de correcteurs, je me réserve de publier ou pas sans avoir à me justifier, écartant d'ores et déjà tout sujet ayant des rapports directs avec la pratique ou l'exercice de la religion et la politique, la vie interne d'une organisation (tout au moins pour ce qui concerne l'apologie, le prosélytisme, etc).


L’Ego duelliste
 écrit  par Murielle



Je contemple le ciel, comme moucheté de coups de pinceaux blancs... J'ai préparé ma feuille, à l'instar de l'explorateur qui vérifie son sac avant l'aventure.

Et j'attends, impatiente, l'ego duelliste, ce personnage incontrôlable qui me hante le temps d'un texte. Chaque fois différent, chaque fois plus angoissant; il me montre une fois encore la profondeur insondable du délire imaginaire. Puis il s'étire hors de moi, se détache difficilement et s'assoit...

Le duel peut commencer !

Une phrase me vient à l'esprit. Une phrase trop pure, trop crue. J'essaie de la modifier, de l'arrondir, mais l'ego insiste pour qu'elle reste nue. De traits d'esprit en association d'idées, l'ego me décortique. Il suscite, comme nul autre, tout à la fois la rage d'écrire mes impressions et la peur de regarder en face cet aspect de moi-même que je pourrais être.

Pourtant, j'écris...

J'écris avec la sueur froide de mes peurs, avec le sang de mes blessures, avec un sourire furtif recueilli à la sauvette et qui m'a fait du bien, avec les larmes d'amour et celles de douleur...
Mais l'ego poursuit son jeu cruel

Illustration Frédéric Mudrano

Je ne distingue déjà plus ce qui est vécu de ce qui est seulement imaginé.
Je vis sa vie qui est une des miennes, intérieures, secrètes, inaccessibles. Je me vois comme je me déteste, par modestie ou par lâcheté. Je touche du bout de ma plume l'extraordinaire complexité de la nature humaine, et je lutte pour exister, pour penser, comme je le sens le mieux.

Alors l'ego s'approche et me glisse doucement à l'oreille :
« N'as-tu jamais pensé être un jour douce, ou patiente, ou méchante, ou indifférente ? ››

Et toutes les facettes de l'être passent devant mes yeux, comme autant de rôles que je n'aurais pas enfilés...

Peut-on vivre en sachant qu'on ne sera jamais qu'une infime partie de ce kaléidoscope de sentiments ?

Peut-on vivre sans mieux cerner qui l'on est, et surtout, qui l'on peut être ?

Peut-on vraiment vivre sans risquer son âme ?...

L'ego est reparti et ma feuille est remplie !

Cette fois-ci, il ne m'a pas montré mon réflexe irrépressible d'écriture descriptive, cette fascination à percer les autres du regard. 

Non.

Cette fois-ci, il m'a dit : « Regarde-toi toi-même. Tu n'es pas mieux, tu n'es pas pire, tu n'es pas autre. Tu n'es que l'une d'entre eux. ››

Murielle
 Carpentras
1983 

4 commentaires:

  1. Merci pour cette contribution et pour ce partage

    RépondreSupprimer
  2. Cher Jacques,

    Je me dois d'apporter une petite rectification à votre présentation : si j'ai bien écrit cette nouvelle, en revanche l'illustration a été réalisée (à la plume et à l'encre de Chine) par Frédéric Médrano que les hasards de la vie m'ont fait rencontrer bien avant que ses talents de dessinateur de BD ne soient connus du public.
    D'ailleurs, je vous joins un lien sur son blog dans lequel vous reconnaîtrez, sans difficulté, son trait de crayon si caractéristique (http://fredmedrano.canalblog.com)

    Nous avions fait là oeuvre de jeunesse en croquant, dans un "duo de plumes" masculine et féminine, une galerie d'une vingtaine de portraits qui composent les Esquisses. Je l'en remercie chaleureusement une nouvelle fois.

    Si aujourd'hui, comme le dit la formule consacrée, je suis "légalement propriétaire" des illustrations de ce recueil, je tenais néanmoins à rendre à César ce qui appartient à César... et à Frédéric le mérite qui lui revient.

    Bien à vous.

    RépondreSupprimer
  3. Beaucoup de sensibilité et leçon d'humilité, merci Murielle

    RépondreSupprimer
  4. Encore une heureuse contribution, Merci jacques et Murielle l'auteur, c'est toujours un grand plaisir de venir vous rencontrer ici. Bonne année à tous !

    RépondreSupprimer

Les commentaires offensants et dénigrants et ceux d'attaques ad nominen, non fraternels, ne seront pas publiés.