dimanche 18 novembre 2012

Grandes figures passées :Henry de Monfreid, Adb el Haï.


          

La Tramontane  s’est levée tandis que j’arrive à la pointe du Cap Leucate. Au nord, j’aperçois Port la Nouvelle et quelques navires qui patientent au large, avant de pouvoir accéder au terminal. Rien de poétique à cela, mais l’endroit est superbe : d’ici, à cent-quatre-vingt degrés, le regard se déroule du mont Saint-Clair, de Sète, jusqu’au Bear et même lorsque la météo le permet, de distinguer l’ile d’Encalladora, face au redoutable Cabo de Creus. A mes pieds, endormie sous le soleil de Juillet, la petite station de La Franqui m’invite à la rêverie, à la nostalgie de la Belle-Époque, du temps oublié où la plage s’allongeait à perte de vue sans pouvoir distinguer une construction ! Landes, marais, et l’étang, ce joyau qui se joue de la lumière, des couleurs et du lendemain ! Mais revenons à La Franqui qui à connu Degas et Maillol, Gauguin et Matisse, tous amis avec Daniel de Monfreid, peintre local de grand talent. Son épouse Amélie y a donné le jour à Henry, en 1879.


Crédit des 2 photos : http://miguel76350.blogspot.fr/

Fidèle à la ligne rédactionnelle que je me suis imposé, il est hors de question de recopier ici l’une des innombrables biographies qui sont disponibles sur internet. Cela n’apporterait rien de nouveau et m’obligerait peut-être même à m’irriter sans retenue contre la faction des irréductibles qui demeurent à réputer Henry de Monfreid comme un « aventurier sans scrupules, trafiquant d’armes, d’esclaves et de drogues, espion, assassin ». Pour ce qui concerne le seul chef d’inculpation de commerce d’armes, indéniable, irrécusable, je rappellerai simplement que dans l’ambiance de l’époque, c’était certes une activité lucrative mais nullement délictuelle. Pour le reste, le mythe se mêle sans discernement – comme à l’habitude – avec les réalités de la vie et des coutumes locales. Mais il est une calomnie dont je fais litière, celle de négrier !  L’Humaniste qu’était Henry de Monfreid, avec un H majuscule j’impose, place cet homme exceptionnel au Panthéon des Illustres de notre région : Peintre-aquarelliste, écrivain et romancier, explorateur, photographe d’avant-garde. A cumuler ainsi, il avait surement quelques défauts… 

Sanaa, capitale du Yemen à ouvert un Centre Culturel Henry de Monfreid. Nous devons nous contenter en France, d’un seul musée permanent, celui d’Ingrandes où il s’est éteint en 1974 à l’âge de 95 ans après avoir connu et fréquenté le père Teilhard de Chardin, Joseph Kessel, Paul Vaillant-Couturier, Jean Cocteau, Paul-Emile Victor,Marcel Pagnol.

Avec soixante-dix ouvrages, il a manqué de peu une entrée à l’Académie Française (trop frileuse pour accepter un aventurier de cette dimension, se contentant de moindres pointures à l’échine courbée, pour la cause) et inspiré nombre de films de cinéma et de télévision. Il devra se consoler de figurer dans le Larousse.

Henry de Monfreid était-il franc-maçon ? Sur le site officiel, on trouve- peut- être la réponse :

"Il faut aujourd’hui répondre à cela de deux façons : selon la lettre et l’esprit.

Selon la lettre, l’appartenance d’Henry à la franc-maçonnerie avait été envisagée malgré le manque de preuves formelles (voir L’Incroyable Henry de Monfreid, Grasset,  1990, p.141), en raison d’une lettre de lui du 4 octobre 1913 utilisant le signe de reconnaissance. L’aperçu sur la franc-maçonnerie française à Djibouti de Lukian Prijac publiée dans le Cahier d’Etudes « POUNT », n°1 de 2007, montre qu’il a été « initié le 24 mai 1912 à la Loge n°433 » avec la fonction d’archiviste (!) et « radié du rôle de l’Atelier le 25 novembre 1915 » par un procès interne à la loge. Cette adhésion fut opportuniste. Henry espérait très probablement en tirer la conclusion d’affaires lors des appels d’offres de travaux publics que lançait la colonie de Djibouti ou en espérait une protection. Ses contrebandes, ses actions incontrôlables et par trop libres qui « violent son serment maçonnique », expliquent cette courte appartenance.

Selon l'esprit, il ne l’a jamais vraiment été, puisqu’il ne s’est jamais conformé à la philosophie de la loge, et n’a d’ailleurs jamais cherché à y rester. Lui-même, revenu en France, n’a jamais, de près ni de loin, abordé la question de cette appartenance dans ses livres ou lors d’entretiens et d’émissions de radio ou de télévision."


Hergé l'a honoré, dans son album Le Crabe aux pinces d'or :





 Sur le site officiel que lui a consacré son petit fils Guillaume, il nous est offert d’entendre pendant une brève minute cette voix chaude de soleil, grave de sérénité,  poignante par delà ce quart de siècle passé !   

Ce n’est pas sans émotion qu’il m’arrive de croiser son dernier bateau, un boutre bien entendu, l’Obock, sur lequel il navigua jusqu’à sa mort en compagnie de son fils.


Crédit photo : XCR, Collection particulière de l’auteur.
(L’Obock, fête de la mer, 15 aout 2003) 


Crédit photo : XCR, Collection particulière de l’auteur.
(L’Obock, fête de la mer, 15 aout 2003)

J'exprime mes profonds regrets de ne pouvoir afficher un portrait photo et  deux ou trois aquarelles d'Henry de Monfreid, l'A.D.A.G.P., chargée de la protection des droits d'auteurs pour le compte des héritiers me réclamant 48 € hors taxe, par image, pour une période de deux ans...

Bon joueur, je ne puis que vous recommander de visiter le site officiel http://www.henrydemonfreid.com/ ou vous trouverez gratuitement une iconographie très importante.


Petite bibliographie :

Les secrets de la mer Rouge (1931) 
Aventures de mer (Grasset, 1932)
La croisière du hachich (Grasset, 1933)
Vers les terres hostiles de l'Ethiopie (Grasset,1933)
La poursuite du Kaïpan (Grasset, 1934)
Le naufrage de la Marietta (Grasset, 1934)
Le drame éthiopien (Grasset, 1935)
Le lépreux (Grasset, 1935)
Les derniers jours de l'Arabie Heureuse (N.R.F, 1935)
Les guerriers de l'Ogaden (N.R.F, 1936)
Le masque d'or (Grasset, 1936)
L'avion noir (Grasset, 1936)
Charras (Editions du Pavois, 1947)
Du Harrar au Kenya (Grasset, 1949)
L'homme sorti de la mer (Grasset, 1951)
Ménélik tel qu'il fut (Grasset, 1954)
Sous le masque Mau-Mau (Grasset, 1956)
Mon aventure à l'île des Forbans (Grasset, 1958)
Le Radeau de la Méduse (Grasset, 1958)
Les Lionnes d'or d'Ethiopie (Laffont, 1964)
Le Feu de Saint-Elme (Laffont, 1973)
Publications posthumes :

Journal de bord (Arthaud, 1984)
Lettres d'Abyssinie (Flammarion, 1999)
Lettres de la mer Rouge (Flammarion, 2000)

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