vendredi 26 mai 2017

Henri CAILLAUD (1921-2017) nous a quitté !







 C'était une grande figure de la Tradition-initiatique qui a profondément marqué plusieurs générations de rosicruciens et de martinistes.

Né à Angers en mars 1921, il s’intéresse dès l’adolescence à la spiritualité et tout ce qui gravite autour, c’est un curieux de nature et rien ne lui semble étranger. Avec son frère Louis, il construit un télescope avec les moyens du bord, car l’astronomie est pour lui une passion qui ne le quittera jamais.
 
 


Toujours avec Louis qui fut le premier membre inscrit mars 1952 à la Région-Ouest de la Grande Loge de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose+Croix et Odette Menard, il fonde en 1956 le pronaos Alden qui va devenir au fil des ans la Loge-mère de tous les organismes qui se créent sur le grand ouest.
 
Quand Raymond Bernard rétablit l’Ordre Martiniste Traditionnel en France, c’est bien naturellement qu’il emboîte le pas et que s’ouvre l’Heptade Emmanuel Swedenborg N°7.

Outre les hautes fonctions qu’il va incessamment assumer, il anime le Centre Culturel de la rue Valdemaine à Angers et en tant que conférencier cette fois, il parcourt plusieurs continents, favorisant ainsi l’essor de l’Amorc auquel il restera farouchement fidèle pendant… 65 ans !

Dans mon roman Sursum Corda, j’ai longuement mis en scène les frères Caillaud, sous les traits d’Henry et Louis Chopfheim…

Au revoir mon frère, tu as rejoint ta chère Marie-Louise et maintenant, là où tu es, tu sais !


 Xavier Cuvelier-Roy

vendredi 19 mai 2017

Pratique Cohen ... Suite



A la lecture de tout cela, nous voyons combien la magie de Martinez (ou Martinès) est sainte. Son but :
Conduire le disciple vers une vie spirituelle de plus en plus intense.
L’abbé Fournier, qui fut aussi son secrétaire, rapporte que les instructions journalières de Martinez « étaient de nous porter sans cesse vers Dieu, de croître de vertus en vertus et de travailler pour le bien général. Elles ressemblaient exactement à celles qu’il paraît dans l’évangile de Jésus-Christ ».

 De Hauterive, quant à lui, précise que le travail Cohen doit être « La réjection continuelle de la pensée mauvaise, la prière et les bonnes œuvres, voilà les seuls moyens d’avancer dans la découverte de toutes les vérités, et  ce qui est encore au-dessus, la pratique de toutes les vertus. »
Être Cohen demande de la rigueur, exige des obligations et des devoirs. Si on n’est pas capable de s’y conformer, pourquoi donc trépigner pour se faire initier ? Cela ne rime à rien, ne correspond à rien et n’a aucun point d’ancrage dans le monde divin. Donc, impossible de se fier aux manifestations qui se présentent sous leurs plus beaux atours pour nous tromper. En effet, le travail des Cohen ne se résume pas aux travaux d’équinoxe deux fois l’an. C’est un travail personnel, journalier, qui exige rigueur et régularité, où la curiosité, la recherche du merveilleux et du surnaturel n’ont pas leur place.



Après son départ, deux disciples veulent perpétuer la pensée de leur Maître : Jean-Baptiste Willermoz avec les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et Louis-Claude de Saint-Martin à travers la Voie Cardiaque. Willermoz introduira la doctrine de la Réintégration dans le rite maçonnique de la Stricte Observance Templière  allemande du baron Carl Gotthelf Von Hund. Les grades de Profès et de Grand Profès contiennent, sans les nommer, les instructions relevant de la doctrine de Martinez, le tout épuré des enseignements théurgiques.
1782 voit la naissance du Rite Ecossais Rectifié qui sera mis en sommeil après la Révolution Française, avant la disparition même de Willermoz. Grâce à une survivance  suisse, Edouard de Ribaucourt et Camille Savoire le feront revivre en France la veille de la première guerre mondiale.



Quant à Louis-Claude de Saint-Martin, il abandonne la théurgie et c’est hors de la Franc-Maçonnerie qu’il va continuer à faire vivre la pensée de celui dont il fut le dévoué secrétaire. Pour lui la théurgie est une voie externe. Il souhaite une démarche plus intérieure, il rejoint Martinez quand il dit qu’il veut «entrer dans le cœur du Divin et faire entrer le Divin dans son cœur ».
Jacob Boehme, qu’il découvre lors de la traduction de ses ouvrages, le confortera dans son choix et dans son penchant naturel vers l’introspection. Cependant, il est à noter que ses ouvrages :
« Des erreurs et de la Vérité » en 1775,
« Le Tableau Naturel » en 1782,
« L’Homme de désir » en 1790,
« Le Nouvel Homme » en 1792,
« Le Crocodile » ou La guerre du bien et du mal » en 1798, jusqu’à son dernier livre « Le Ministère de l’Homme-Esprit » publié en 1802, sont tous indéniablement marqués par la doctrine de Martinez de Pasqually, qu’il appelait son « premier instructeur ».
Bien que beaucoup associent Franc-Maçonnerie et Ordre des Chevaliers Maçons Elus Cohen de l’Univers, le but de l’Ordre dépasse de beaucoup celui des rites de la Franc-Maçonnerie mystique.
Vialetes d’Aignan nous dit en effet que l’Ordre est « un ordre ayant pour but de ramener l’homme à sa glorieuse origine, l’y conduit comme par la main, en lui apprenant à se connaître, à considérer les rapports qui existent entre lui et la nature entière dont il devait être le centre et enfin à reconnaître l’ ÊTRE suprême dont il est émané

Thierry Ronat

lundi 8 mai 2017

Pratique « Cohen »

La lecture de la lettre du 13 août 1768 de Martinez de Pasqually à Jean-Baptiste Willermoz est très édifiante sur la position de Martinez quant à la pratique de sa doctrine. 



Ayant échoué dans ses différentes tentatives de réformer en profondeur la Franc-Maçonnerie, il fonde un ordre mystérieux : Les Chevaliers Maçons Elus Cohen de l'Univers, dont le caractère chrétien ne fait aucun doute, mêlant hauts-grades maçonniques et magie angélique.
Cette doctrine, destinée à une élite réunie sous le nom d'élus « Cohen » (Prêtes élus), connaîtra une fortune singulière, mais les opérations théurgiques resteront réservés aux seuls Initiés. Martinez n'utilise guère la Franc-Maçonnerie qu'afin de greffer sur elle son système et son organisation. Aussi, quand on se penche sur les préceptes de Martinez et ses motivations, il est toujours très surprenant d'entendre les uns et les autres parler de Cohen et de les voir courir avec acharnement après leurs grades. A croire que la seule prononciation de ce nom aiguise les esprits, renferme tous les secrets et toutes les vertus magiques !



Beaucoup ignorent et mettent sous le boisseau la caractère mystique et sacré de la théurgie de Martinez. Il faut lire ses rituels pour prendre pleinement conscience de la place prépondérante de la prière, des prosternations, de l'utilisation des psaumes.
Cette théurgie ne vise pas à diriger des forces sur quelqu'un, à obtenir des avantages, à manipuler son prochain, ni même à régler le soucis du monde profane. Elle est une sainte Magie ayant pour but l'union mystique, la rencontre entre le visible et l'Invisible. Et c'est de cette fusion avec l'Invisible que la « Chose » se manifeste. Influence spirituelle que les Cohen nomment « intellect », qui n'est autre qu'une manifestation émanée de Dieu ou de ses Anges.
Mais que de chemin à parcourir avant d'oser espérer d'être gratifié de la présence de la « Chose » et d'approcher ce monde divin !
Aussi, avant de songer à « purifier l'aura de la terre », comme on l'entend dire souvent, la première chose à purifier, c'est bien soi-même. Car il s'agit bien de cela en vérité. Se purifier par une préparation extérieure, afin de nous conduire vers une communion intérieure avec le Divin. Martinez dira lui-même que le lieu privilégié de cette rencontre est le cœur de l'homme. A la fois tabernacle et réceptacle de Dieu, l'homme y reçoit les plus belles manifestations que le Créateur lui envoie.
Le Cohen doit donc être un Chrétien pratiquant. A l'époque de Martinez, des disciples protestants se convertissent à la religion catholique romaine pour entrer dans le cénacle. L'ordination qui doit être conférée n'est pas décision d'homme, mais le récipiendaire doit être opté par la « Chose » au cours d'un rituel bien particulier, pas de manifestation, pas d'ordination.


Déjà, au cours de son initiation au degré d'Apprenti, le Cohen prend plusieurs engagements :
Garder secrets les mystères de l'Ordre
Être fidèle à la sainte religion catholique.

A travers les différents travaux qui lui sont confiés, il s'habitue de suite à cette rigueur si caractéristique. S'il souhaite atteindre des performances, le sportif ne s'entraine-t-il pas chaque jour pour monter sur le podium ? Et bien, il en est de même dans la vie spirituelle. Et en l’occurrence, cet entrainement ci est la prière. Aussi, avant la pratique de la Théurgie, le Cohen, quel que soir son grade, se doit d'assister à une Sainte Messe. Dès qu'il a toutes les clefs nécessaires, le prière rythmera sa vie, de 6 heures en 6 heures (Six heures du matin, midi, dix-huit heures et minuit). Ces prières composées par Martinez, reprennent les Psaumes, les Invocations « Au nom de Jésus », l'Ave Maria, le Pater. On y trouve aussi des invocations destinées à l'Ange Gardien et avant de s 'endormir, celle « qu'il faut faire quand on est couché et prêt à s'endormir ». En se réveillant, on rend de suite grâce à la Sainte Trinité et à la Vierge, et, avant de fermer les yeux, nos dernières paroles sont pour le monde divin. C'est tout de même plus élevé que de s'endormir après la vision d'un film où se mêlent des violences de tout genre !
Aussi, la lecture des sept Psaumes de Pénitences au moins à chaque renouvellement de Lune, ou tous les jours suivant les périodes de travail, relève de la pratique du Cohen, tout comme l'office du Saint Esprit tous les jeudis. Tous les jours, réciter le « Miserere » debout face à l'Orient, et le « De Profondis » face contre terre ou genoux en terre. L'avancement dans la Hiérarchie était synonyme de plus d'obligation, de prières, de jeûnes, d'abstinence, particulièrement au moment de travaux bien spécifiques. D'aucun doivent penser que nous ne sommes pas loin de la vie de certains moines qui se relèvent la nuit pour prier. Certes, mais il y a urgence ! On passe tellement de temps à ingurgiter des émissions de télévision qui nous tirent vers le bas, à lire des revues vides de sens !
Dieu ne mérite-t-il pas que nous Lui consacrions un peu de temps chaque jour ? Certes, il est difficile de mettre tout cela en pratique au pied de la lettre, surtout à notre époque, d'une part, si on a des activités professionnelles et d'autre part , parce que notre monde est dominé par la matérialité. Mais, on peut très bien adapter tout cela à notre modernité. Et d'aucuns le font !

Fin de la première partie, à suivre …




Thierry Ronat