samedi 18 avril 2015

Miscellanées saint-martinienne : Le Livre de l'Homme, par Xavier Cuvelier-Roy.



Puisons à la source : c'est dans son premier ouvrage, Des Erreurs et de la Vérité que Louis-Claude de Saint-Martin esquisse dans un livre symbolique plus qu'il ne l'expose, sa vision du microcosme. Le Philosophe Inconnu n'était pas kabbaliste, mais un amateur (celui qui aime) de la Tradition chrétienne occidentale, plus particulièrement celle traduite par l'alchimie spéculative de la kabbale en milieu chrétien. 

Le Livre de l'Homme, incontestablement, lui a été dicté par le concept des 10 nombres exposés par Martinès de Pasqually (lui-même davantage proche de la kabbale...) dans son Traité sur la réintégration des êtres. Cette référence est largement  partagée et développée par les historiens et doctrinaires du martinisme. Cela doit-il nous empêcher d'aller chercher plus loin ?



On peut observer dans ces 10 pages du Livre de l'Homme, que le futur auteur inspiré des Nombres utilise l'arbre séphirotique pour exposer à l'homme de désir, sa conception doctrinale de la nature du « petit univers », c'est-à-dire de l'homme microcosmique. Celui de l'émanation pure de Dieu : le Mineur-spirituel. Il ne connaît pas encore le mal, selon Martinès de Pasqually, même si son émanation vient après la prévarication des Esprits-pervers. Il reçoit le Livre en attribut pour exercer son ministère, les réduire, avant de faillir lui aussi




Le Livre de l'Homme n'est pas un catéchisme, encore moins une bible, plutôt un guide explicatif et pratique (dans le sens d'orienter vers).

Rédigé à l'aube de sa carrière "littéraire", nul doute que le chercheur dénichera ça et là quelques incohérences dans les œuvres qui suivront. Louis-Claude de Saint-Martin est un... homme, tout jeune élu cohen, il s'est construit tout au long de son existence, à été séduit par Boehme (mais jamais sans renier son premier maître, Martines de Pasqually). 


Collection particulière de l'auteur



Feuilletons ensembles :



 1
La première [page] traitait du Principe universel ou du Centre, d'où émanent continuellement tous les Centres.

C'est Keter, la couronne de la création qui régit toutes les lois sous le principe de l'Unité.

2

La seconde [traite] de la Cause occasionnelle de l'Univers ; de la double Loi corporelle qui le soutient ; de la double Loi intellectuelle, agissant dans le temps ; de la double nature de l'homme et généralement de tout ce qui est composé et formé de deux actions.

Ici est évoquée la double nature de l'homme, positive et négative, suite à sa prévarication qui a fait imploser l'Unité, semant confusion et divisions.C'est Binah, la Sagesse.

3

La troisième [traite] de la base des Corps ; de tous les résultats et des productions de tous les genres et c'est là que se trouve le nombre des Êtres immatériels qui ne pensent point.

Il s'agit ici d'observer la formation des corps composés par trois essences spiritueuses (sel, soufre, mercure), de leur origine et nous donne ainsi l'explication de toutes les substances matérielles et non-pensentes (les êtres immatériels se sont coupés de la pensée divine et ont perdus leurs facultés de pensée et de volonté). C'est Chokmah, l'Intelligence

4

La quatrième [traite] de tout ce qui est actif ; du Principe de toutes les Langues, soit temporelles, soit hors du temps ; de la Religion et du culte de l'homme et c'est là que se trouve le nombre des êtres immatériels qui pensent.

C'est un exposé de tout ce qui est actif chez les Êtres spirituels par la puissance des pouvoirs du Verbe, qui nous révèle leur nature quaternaire. C'est Chesed, la Miséricorde

5

La cinquième [traite] de l'idolâtrie et de la putréfaction.

Ce sont les conséquences directes de la prévarication, c'est Geburah, la Force, celle qui inspire crainte et peur de la mort.


 6
La sixième [traite] des lois de la formation du Monde temporel et de la division du Cercle par le rayon.

La formation en 6 jours du monde matériel et temporel, la terre : chaque jour est un acte de la pensée de Dieu qui se manifeste par la production d'un centre avec ses trois angles. La circonférence du cercle est composée de 6 triangles équilatéraux. N'oublions pas que la circonférence est sensiblement le triple de son diamètre. C'est l'harmonie, c'est Thipheret, la Beauté !

7

La septième [traite] de la cause des Vents et des Marées ; de l'Échelle géographique de l'homme ; de sa vraie Science et de la source de ses productions intellectuelles ou sensibles.

La cause du mouvement est la résultante de l'influence des 7 planètes qui nous le savons, agissent sur le caractère de l'homme, source de toutes ses productions intellectuelles et conscientes : ne sous estimons pas la puissance septénaire de l'âme sur le physique et sur le spirituel. C'est Netzach, la Victoire.

8

La huitième [traite] du nombre temporel de celui qui est le seul appui, la seule force et le seul espoir de l'homme, c'est-à-dire de cet Être réel et physique, qui a deux noms et quatre nombres, en tant qu'il est à la fois actif et intelligent, et que son action s'étend sur les quatre Mondes. Elle traitait aussi de la Justice et de tous les pouvoirs législatifs ; ce qui comprend les droits des Souverains et l'autorité des Généraux et des Juges.

Le pouvoir temporel, celui de l'état, de son gouvernement, de ses fonctionnaires, mais sous la vigilance du Grand Souverain Mystique de la Terre, le Réparateur, Celui qui fait et défait les rois.

C'est Hod, la Splendeur.


 9
La neuvième [traite] de la formation de l'homme corporel dans le sein de la femme et de la décomposition du triangle universel et particulier.

L’Être humain, allégoriquement, s'est formé dans le cœur de la femme et dans la tête de l'homme : c'est le principe de l'incarnation conséquence de sa prévarication, la décomposition, son terme, la mort physique.C'est Yesod, la Fondation.


 10
La dixième, enfin, était la voie et le complément des neuf autres précédentes. C'était sans doute la plus essentielle, et celle sans laquelle toutes les autres ne seraient pas connues, parce qu'en les disposant toutes dix en circonférence, selon leur ordre numérique, elle se trouve avoir le plus d'affinité avec la première, dont tout émane ; et si l'on veut juger de son importance, que l'on sache que c'est par elle que l'Auteur des choses est invincible, parce que c'est une barrière qui le défend de toutes parts et que nul Être ne peut passer.

C'est bien évidement la page majeure du Livre de l'Homme, car elle complète en même temps qu'elle fédère les 9 précédentes. C'est la clé essentielle sans laquelle celles-ci seraient muettes, impénétrables. C'est donc à l'évidence,  Malkuth, le Royaume.






Nous mettons à l'essai une formule interactive : Suivant l’intérêt porté à cet article et la qualité des commentaires à venir, l'auteur s'engage à compléter par une synthèse et une conclusion, merci à l’avance pour votre participation !

Bibliographie :


FAIVRE,Antoine, Accès à l'ésotérisme Occidental, Tome II, Paris, Gallimard, 1996
FRANTZ, Marie, Le Livre de l'Homme, ou la connaissance parfaite, Étude parue sur le site du Philosophe Inconnu, c'est : ICI
MARTINES DE PASQUALLY, Traité sur la réintégration des êtres, Le Tremblay, Diffusion Rosicrucienne, 1995. 
SAINT-MARTIN, Louis-Claude de, Des erreurs et de la vérité, Édimbourg [Lyon, Périsse-Duluc], 1775. 
SAINT-MARTIN, Louis-Claude de, Les Nombres, introduction et notes de Nicole Jacques-Chaquin [Lefèvre], Nice, Bélisane, 1983. 

4 commentaires:

  1. Bernard-Henry Vermelenn27 février 2015 à 09:48

    Très intéressant, j'avoue ne jamais y avoir pensé et cette hypothèse est fort séduisante. J'attends avec impatience la réaction des ténors patentés...

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  2. La doctrine de Martinès puise dans un fonds de la kabbale, il est donc logique de penser qu'il y a effectivement une corrélation naturelle entre les nombres et les sephiroth. Beau travail !

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  3. Théorie tout-à-fait recevable, j'adhère !

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  4. Bonsoir Jacques,
    Et que devient Daat dans l'histoire ?
    Quelle serait sa correspondance ?
    Bien fraternellement

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