jeudi 20 février 2014

J'ai lu pour vous : Lunel, la Kabbale et l'Etoile, de Madeleine Ribot-Vinas





Concilier le style et le talent d’un authentique écrivain, avec les contraintes des règles strictes imposées à l’historien, c’est le défi que relève avec brio Madeleine Ribot-Vinas, jugez-en vous-même par ces premières lignes :

« Par un froid matin de février, celui qui deviendrait plus tard mon mari m’avait conduite dans une 2 CV gémissante, cahotante, au travers d’une piste indéfinissable d’eau, de sable et de « roubines » jusqu’aux abords du phare de l’Espiguette où là, elle s’était immobilisée brutalement ! Le reste du chemin nous l’avons fait à pied, après avoir dépassé une première ligne de dunes semées de pins parasols et d’oyats qui ne me laissent rien présager de ce que j’allais voir. Autour de nous, tout était silence, déchiré ça et là par le cri d’une mouette ou le léger sifflement du vent du Nord qui ce jour là ne se déployait pas en rugissement fracassants. Les dunes devenaient si hautes, si nombreuses les unes après les autres, le paysage se faisait si désertique que je ne pouvais imaginer encore ce qu’elles pouvaient cacher de fascinante beauté. Soudain, lorsque nous avons été au sommet de la dernière, et comme si un voile se soulevait devant nos yeux écarquillés, dans un mélange de lumière blanche, bleue, turquoise, jade, de scintillements d’eau formant sur le rivage de petites mers intérieures, un sable blanc d’une délicate finesse courait jusqu’à la mer en dunes courtes, serrées, telle une houle et  semblables au désert. Au loin devant nous, la mer couleur de lagon, rebrodée sur la rive d’une écume neigeuse, au large, bleue saphir. Derrière nous, après l’alignement des hautes dunes, les étendues d’eau, libre, frissonnante, peuplée  d’oiseaux  - aigrettes, foulques, hérons blancs et cendrés – tout un monde jacassant et bruissant en parfaite harmonie avec la sérénité des lieux ».

Vous en connaissez beaucoup des livres d’histoire qui commencent ainsi ? Si j’ai été volontairement long dans cette citation, c’est pour mieux nous pénétrer sur ce qu’était (et reste encore… un peu !) cet environnement au moyen âge, du temps où le Rhône se jetait dans la méditerranée à La Grande Motte – eh oui ! – à quelques lieues de Lunel. Où l’ancienne voie Domitia demeurait la colonne vertébrale de toute une économie dont on ne peut mesurer l’importance de nos jours : tout se faisait là, et passait par là. La soie, les épices, le sel mais aussi l’or, l’ivoire. Les ports les plus florissants étaient Lattes, Saint-Gilles, Maguelonne, jusqu’à Narbonne. Mais la cité la plus importante, celle qui dominait et autour de laquelle tout s’organisait, c’était… Lunel !

Armoiries de Lunel

Mon travail peut s’arrêter là : vous allécher, vous donner l’envie de découvrir au fil des pages, des chapitres, les mystères (mythes aussi) de Lunel et de Posquiéres (Vauvert), de l’interprétation donnée à l’étoile et des quatre mondes, aux arcanes du Séfer ha-Bahir (le Livre de l’Eclat), au mystère du Singe et de la porte étroite, à visiter Psalmodi, l’abbaye (méconnue) du silence et bien d’autres choses encore auxquelles l’auteur nous invite !


« Mettant ses pas dans ceux des anciens maîtres, Madeleine Ribot-Vinas nous fait découvrir les sentiers de la Kabbale […] les berceaux au XII° siècle, avant de connaître un grand rayonnement en Espagne. A la convergence de savoirs multiséculaires, Lunel, cité de la lune et du sel, fut en ces temps une des fleurons de la Sagesse antique où alchimistes, physiciens (médecins), philosophes, traducteurs, poètes et grammairiens étudiaient aux cotés des Sages kabbalistes. De cette noble cité, naquit l’université de Montpellier où étaient enseignées les sciences médicales et l’école talmudique et kabbaliste de Posquières ».

Venez découvrir David Abraham ben David de Posquières, Isaac l’Aveugle, Yaakov Hanazir de Lunel, tous des amis de  Sofia, la Sagesse.

Madeleine Ribot-Vinas, Ecrivain, conférencière est native du Roussillon, diplômée en Littérature Espagnole, en Littérature Française et Médièvale,

Lunel, la Kabbale et l’Etoile, la psalmodie du secret, de Madeleine Ribot-Vinas, Editions Lahy, 2008, 223 pages d’émotion et d’érudition.   


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