vendredi 4 mai 2012

J'ai lu pour vous : Les Rites Maçonniques Egyptiens de Roger Dachez



Enfin, un livre calme, un livre d’histoire critique, sans vaine polémique, c’est presque un... "miracle" dans l’actuel paysage égyptien toujours aussi tourmenté.
Sauf à vivre dans un bunker intellectuel et culturel,
certaines positions ne sont plus guère tenables. 
Roger Dachez


Sur la partie historique pure, ne vous attendez pas à de sensationnelles révélations ou découvertes : c’est une reprise d’éléments factuels bien connus, déjà établis par des historiens tels Gérard Galtier ou Serge Caillet, qui eux-mêmes puisent largement dans le fonds Ambelain. Cela me parait tout à fait normal. Des faits (du solide) présentés avec objectivité (oui, ça existe encore), bien classés (avec clarté), Roger Dachez nous offre en 127 pages un condensé de cette maçonnerie si particulière. 


Je suis ravi de la façon avec laquelle il traite (avec justice) des personnalités aussi fortes que Constant Chevillon et Robert Ambelain. Je lui donne acte de sa lucidité sur l’analyse faite de la grande-maîtrise de Gérard Kloppel. Il y aurait, bien entendu, matière a développer davantage mais bon… 


La seconde partie est forcément plus subjective et quelque soit son talent, l'auteur rencontre quelques difficultés, lesquelles laissent parfois perplexe. 

Je fais mienne cette opinion éclairée, au risque de vous surprendre, qu’il livre dans le dernier chapitre : 
Les Rites Egyptiens, malgré toutes les avanies qu’ils ont pu rencontrer, existent et prospèrent encore. Enfants terribles de la franc-maçonnerie, en dépit de la permanente agitation de ses membres, des conflits entre les « Grands Hiérophantes », des radiations vengeresses et de la scissiparité compulsive de leurs Obédiences, ils n’ont jamais été aussi vivants ni, du reste, aussi nombreux. 
Mais attention, cet auteur affûte avec autant de précision la pointe de ses flèches que les formules malicieuses sinon humoristique. 

Ainsi, je suis moins d’accord avec celui qui déclare ne pas porter des jugements de valeur (en tant qu’observateur extérieur) mais qui une page plus tard, n’hésites pas à affirmer :
Trop souvent conduits […] par des responsables insuffisamment compétents […] affabulateurs […] manipulateurs, les Rites Egyptiens ont laissé au fil des décennies, se déliter leur patrimoine […] Il y a pourtant de quoi édifier une arche maçonnique qui ne soit pas la pâle copie d’un REAA « sur fond de palmiers » ou d’un Rite Français « vaguement déiste » [...] Cela suppose de recourir à des méthodes que les maçons d’Egypte ont rarement pratiquées : la recherche documentaire et l’exploitation judicieuses des sources, l’intelligence symbolique – et non le « délire symbolico-maniaque ». 
Ouf ! Si ce n’est pas un jugement de valeur, ça ! 


En conclusion, et en dépit de ce léger dérapage dans le dernier virage de l’épreuve, un bon livre comme nous aimerions en lire plus souvent ! 

Les Rites Maçonniques Égyptiens, de Roger Dachez, Presses universitaire de France, 2011, 127 pages.

7 commentaires:

  1. Oui, certes, un "bon livre", mais tout de même, pour ce qui concerne l'unité (par tous) souhaitée, la ficelle me semble un peu grosse : ce n'est pas dans le creuset du GODF que doit se faire l'alchimie !

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  2. Serge Malifer5 mai 2012 à 08:14

    J'aime bien le développement des chapitres 8 & 9, tout en trouvant la part trop belle pour le Grand Ordre Egyptien du G.O. Je ne suis d'ailleurs pas très convaincu du bien-fondé de cette "réécriture", mais je souscris aux "voeux-pieux" de Roger Dachez,historien intègre.

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  3. Memphis-misraïm fait couler beaucoup d'encre, comme toujours.
    Sur le blog Hiram, il déclenche automatiquement un prolifique buzz où la passion entraîne les uns comme les autres sur des égarements peu fraternels et pas du tout maçonniques. Mais ne nous laissons pas envahir par des illusions qui chloroforment à souhait... La vieille mariée a su garder probablement tous ses atours pour susciter l'amour suspect d'un certain nombre de prétendants ! Les uns font des ronds de jambes tandis que d'autres - sachant précisément à quel endroit planter l'aiguille sur le point de la flatterie - se paient la tête du client sitôt celui-ci ayant dépassé le coin de la rue (Cadet adore thésauriser les maisons, c'est bien connu).
    Tout cela n'augure rien de bon... Il y a pourtant des solutions, des mains tendues, des bonnes volontés disposées à s'asseoir à la (vraie et bonne) table.
    Mais tant qu'il y aura des convives pour considérer entre poire et fromage, que les égyptiens sont de "doux-dingues", des "escrocs" ou d'éternels "flambeurs" genre arbres de noël croulant sous les cordons, colliers et fanfreluches diverses, j'ai bien peu qu'un nouveau siècle passe sans qu'un nouveau Chevillon - suivant la formule heureuse de Dachez - ne vienne enfin mettre de l'ORDRE !

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  4. Bien... Mes amis,mes frères, n'avons-nous donc rien à dire d'autre que de nous épancher sur le GODF ? En tous cas, ce n'est pas, pour moi, l'essentiel de ce que j'ai retiré de la lecture de ce livre. Roger Dachez a fait œuvre utile, et jusqu'à preuve du contraire, n'est en rien le V.R.P. de cette obédience

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  5. Message reçu 5 sur 5. Ayant lu ce livre dés sa sortie, je pense que vous aurez remarqué que subtilement, R.Dachez traite des rites de Memphis, de Misraïm, en réalité ignore superbement Memphis-Misraïm. Une page et à peine s'il cite l'action unificatrice des rites par Garibaldi !

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    1. Je ne peux pas vous suivre sur ce raisonnement, Jean-Daniel et ce qu'il écrit sur le rôle réellement joué par Garibaldi me semble tout-à-fait exact. A bientôt.

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  6. Je vous trouve bien complaisant : ce livre de Roger Dachez (pour qui j'ai la plus grande estime) est un livre baclé, un méli-mélo de faits patents (mais empruntés à d'autres auteurs, rien de nouveau donc) avec des jugements de valeurs que j'estime pour ma part, non autorisés : R.D. n'est pas un maçon égyptien que je sache et parle un peu de ce qu'il ne connaît pas ! Cela hélas se sent au fur et à mesure des pages. Il m'a habitué à (beaucoup) mieux !

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