mardi 11 août 2015

Série : Grandes figures du passé, Victor Blanchard.



Victor-Alfred
BLANCHARD
1877-1953

Fondateur de l’O.M.S. (Ordre martiniste et Synarchique), méconnu et oublié, on a retenu de Victor Blanchard son attitude courbée vis-à-vis des autorités durant la seconde guerre mondiale, d’avoir un peu trop chargé la mule pour se défausser. En fait, comme nous le verrons bientôt pour Jean-Henry Prost-Biraben, il n’a cherché qu’à se protéger durant cette période de chasse à l’homme où des comportements bien plus graves, collaborationnistes, n’ont pas manqué de s’affirmer ! Homme d’action, certes, surtout mis en lumière par sa rivalité avec Joahny Bricaud, sans qu’il ait vraiment marqué dans l’histoire de Memphis-Misraïm.


Qui est-t-il ?



Il est né à Versailles, le 10 juillet 1877. On ne sait rien de son milieu familial, sa vie profane est celle d’un haut-fonctionnaire au service de l’état, qu’il quitta en 1940 par retraite anticipée pour ne pas servir le régime de Vichy. Secrétaire-Rapporteur à la Chambre des Députés, également Chef du Secrétariat-Général de la Présidence de l’Assemblée-Nationale ; conjointement Chef du Service des Archives, c’est donc une personnalité qui côtoie de près le monde parlementaire dont nous savons qu’un bon tiers est franc-maçon à cette époque. Il sera également Président de l’Amicale des Fonctionnaires.

Nous sommes bien renseignés sur son parcours initiatique. Dés l’âge de 20 ans, il s’intéresse à l’occultisme.

• 1900 : Adhésion à l’Ordre Martiniste, à l’École Supérieure Libre des Sciences Hermétiques de Papus.
• 1906 : Papus fonde le 15 novembre la Loge Humanidad de l’Antique et Primitif Rite Oriental de Memphis-Misraïm. Il semble probable que c’est à cette date qu’est initié Victor Blanchard puisqu’il y est nommé Secrétaire.
• 1908 : Admis 30° et 90°, il est l’un des principaux collaborateurs de Papus, fréquente Charles Detrè (Téder) avec qui il co-organise le Congrès-Spiritualiste du mois de Juin. Il en sera le Secrétaire-Général.
- Adhésion à l’Ordre du Temple Rénové (René Guénon). Attention à ne pas le confondre avec Charles Blanchard. Il en démissionnera dés l’année suivante, sur injonction de Papus.
- Adhésion à l’O.K.R.C. (Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix), y est rapidement reçu Bachelier puis Licencié.
- Il fonde la Loge Melchisédech.
• 1912 : la Loge Melchisédech prend le statut de Grande Loge (qui confère 7 grades). Succés court, elle ferme à la fin de l’année !
• 1914 : Consacré Evêque par Papus dans l’Église de Jules Doinel.
• 1915 : Reçu Docteur en Kabbale à l’O.K.R.C.
• 1916 : Charles Detrè, à la mort de Papus, lui confie des responsabilités au sein de l’Ordre Martiniste.
• 1918 : Régularisé Diacre, Prêtre, puis consacré Evêque (Tau Targelius) par J. Bricaud, Église Gnostique Universelle.
- Démission de l’O.R.K.C. lors de la mainmise de J. Bricaud.
- Adhère à l’Ordre du Lys et de l’Aigle.
• 1919 : En qualité de Haut-dignitaire de l’Ordre Martiniste, il signe au mois de janvier, un traité d’alliance avec l’Ordre du Lys et de l’Aigle (Duprè-Semelas)
• 1920 : Il crée le 3 novembre*, en opposition aux Ordres de Bricaud, l’Union Générale des Martinistes et des Synarchistes, ou Ordre martiniste et Synarchique (O.M.S.) dans la tradition de Papus et en hommage à Saint-Yves d’Alveydre. Il en est le premier Grand-Maître. Pas plus chanceux (ou viable) que la Loge Melchisédech, l’Ordre entre en sommeil en 1922, faute de combattants semble-t-il.
• 1933 : 6 aout, Président du groupe de Paris de la Fraternité des Polaires.
• 1934 : Réveil de l’O.M.S.
- Co-fondateur et l’un des 3 imperators de la F.U.D.O.S.I. (Fédération Universelle des Ordres et Sociétés Initiatiques), premier Convent international la même année. Il avait la juridiction spéciale du martinisme et des fraternités Orientales.
- Il y reçoit l’initiation (échange entre les trois imperators) dans l’Ordre Pythagoricien (nommé Archonte des sciences et des arts) et à la Rose-Croix Universitaire (Sar Hieronymus).
- Constitution du Suprême Conseil International de Memphis-Misraïm.
- Signature d’un traité entre l’O.M.S. et l’Ordre du Lys et de l’Aigle, dont il est fait Commandeur à titre honoraire.
•  1936 : 2° Convent de la F.U.D.O.S.I.
• 1937 : 3° Convent de la F.U.D.O.S.I., au mois d’aout. Préalablement, par lettres-patentes du 9 et 30 juillet, Victor Blanchard mandate Harvey S. Lewis, imperator de l’A.M.O.R.C. pour représenter l’O.M.S. sur le continent américain (sans donner suite).
• 1938 ?
• 1939 : 4° Convent de la F.U.D.O.S.I., du 4 au 7 septembre. Les choses se passent mal pour Victor Blanchard, qui se sentant investi par « l’oracle kabbalistique de l’Agartha » vient de s’autoproclamer Grand-Maître Universel de la Rose-Croix… Il est donc destitué et c’est Augustin Chaboseau, de l’O.M.T. (Ordre Martiniste Traditionnel) qui devient le 3° Imperator de la F.U.D.O.S.I. Année charnière puisque l’O.M.S. suit de fait la sortie de son Grand-Maître et que nombre d’officiers (dont Georges Lagrèze, Jeanne Guesdon) rejoignent l’O.M.T. Augustin Chaboseau remplace également Victor Blanchard à la Présidence de la Chambre de Direction de l’O.K.R.C. Un deuxième nouvel Imperator de la F.U.D.O.S.I. est nommé, Ralph Maxwell Lewis en remplacement de son père, Harvey-Spencer décédé. Il y reçoit patente d’Augustin Chaboseau d’installer aux Etats-Unis l’O.M.T.
Autant 1933 fut l’année du zénith pour Victor Blanchard, autant 1939 sera celle de l’année noire !
• 1940 : Victor Blanchard demande et obtient sa mise à la retraite anticipée.
• 1944 : 31 mars et 1° avril, la police spéciale des sociétés dissoutes perquisitionne au domicile de Victor Blanchard. Le butin est précieux, l’historien Serge Caillet en donne le détail précis (reproduction du procès-verbal des inventaires) dans le numéro 146/2006 de la Revue Renaissance Traditionnelle : 18 sacs, 3 malles, 1 valise ! L’ensemble constitue une riche bibliothèque, ses décors maçonniques. Je n’y vois aucun dossier d’archives (à part ses diplômes personnels), ni la confirmation d’appartenance de Victor Blanchard au Grand Orient de France et de son rang au Grand Collège des Rites.
C’est l’épisode malheureux de l’envoi aux services des sociétés secrètes, de la fameuse note (15 pages manuscrites) où Victor Blanchard se défausse pitoyablement (mais aussi biaise savamment pour protéger ses amis ou anciens amis). Il est vrai qu’il n’était pas du tout obligé d’en faire autant…
• 1945 : Victor Blanchard (Tau Targelius), consacre évêque Robert Amadou (Tau Jacques) au sein de l’Eglise Gnostique Universelle.
• 1946 : Il préside toujours aux destinées de l’O.M.S. (et ce jusqu’à sa mort), qu’il représentera au 5° Convent de la F.U.D.O.S.I. du mois de juillet : réconcilié, réintégré (et sagement... aux cotés de l’O.M.T. !) mais ne retrouve pas son siège d’Imperator.
• 1951 : Dissolution de la F.U.D.O.S.I., Victor Blanchard y perd sa dernière occasion d’occuper une position internationale.
• 1953 : Il rejoint l’Orient-éternel le 14 mars, à son domicile du 60 avenue de Breteuil à Paris.

Sauf erreur, l’O.M.S. est toujours actif, il possède quelques loges en France et à l’étranger, mais le siège de son activité serait basé en Angleterre. Apparemment, aucun site internet en langue française.

Ajout du 08.03.2010 : Contribution de Christian, abonné.


Permettez-moi d’ajouter une précision sur le nom de l’ordre. A sa création en novembre 1920, l’ordre fondé par Blanchard s’appelle l'Union Générale des Martinistes et des Synarchistes ou Ordre Martiniste Synarchique, puis l’année suivante ce nom devient Ordre Martiniste et Synarchique (O.M.S.). Cet ordre avait peu d’activités, car Blanchard s’occupait plus de l’ordre des Polaires, dont il deviendra le grand maître en 1933, que du martinisme. Ce n’est qu’en 1934, avec la F.U.D.O.S.I., que l’O.M.S. a commencé ses activités. Ces dernières se limiteront à la transmission d’initiations données dans le temple des Polaires, 36 rue Junot, car l’OMS n’avait pas de loge. En 1939 l’O.M.S. est rapidement rentré en sommeil, car ses membres, lassés par l’inactivité de l’ordre, avaient tous rejoint l’Ordre Martiniste Traditionnel (O.M.T.)


Pour ce qui est des groupes se revendiquant actuellement de l’O.M.S. il faut savoir qu’ils se placent dans la lignée de Louis Bentin. Ce dernier était un membre de l’O.M.T. à Londres. En 1958, il voulut s’émanciper de l’autorité de Ralph M. Lewis, le souverain grand maître de l’O.M.T., et demanda une charte à Emile Dantinne et Jean Mallinger. Or, ces derniers avaient quitté l’O.M.S. en 1939 pour rejoindre l’O.M.T. qu’ils quittèrent en 1946 pour fonder l’Ordre Martiniste Universel (O.M.U.). En 1958, c’est Edouard Bertholet était alors le grand maître de l’O.M.U. et la charte que Louis Bentin reçut de ce dernier n’était donc pas pour l’O.M.S mais pour l’O.M.U. Cela n’empêchera pas Louis Bentin (Sar Gulion) de se réclamer aussitôt de l’O.M.S. et de fonder les groupes qui existent actuellement... Etonnant !

* le 3 janvier 1921 selon Gérard Galtier.





Sources bibliographiques

AMADOU, Robert, Notice sur le sacerdoce et l’épiscopat de Mgr. Victor Blanchard, H.C., 1945
CAILLET, Serge, Sar hièronymus de la Fudosi, Paris, Cariscript, 1986, 119 p.
- Victor Blanchard interrogé par le service des sociétés secrètes, in Renaissance Traditionnelle, n° 146/2006, pages 100-132.
GALTIER, Gérard, Maçonnerie Egyptienne, Rose-Croix et néo-chevalerie, Paris, Ed. du Rocher, 1994, 474 p.
MALLINGER, Jean, Visage des Grands initiés, in Revue du magnétisme, n°33/1980, pages 1548-1550.





Bibliographie : Nous ne lui connaissons aucune activité littéraire.

Illustration : www.ordenmartinista.org/











6 commentaires:

  1. bonjour, juste une petite question :
    1934 : réveil ou création de l'OM et S ?
    fraternellement
    sagi nahor

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  2. Je vous remercie cher Sagi nahor et fidèle abonné, d'avoir adressé votre commentaire.
    je confirme qu'il s'agit bien à cette date, 1934, du reveil de l'O.M.S. mis en sommeil en 1922 (source validée à la page 102 de la revue Renaissance Traditionnelle 146/2006).Pour ce qui est de l'abréviation, je ne connais que celle d'O.M.S. mais peut-être serait-il plus correct effectivement, d'écrire : O.M. et S., je ne sais et ne crois avoir jamais rencontré.
    A bientôt !

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  3. Permettez-moi d’ajouter une précision sur le nom de l’ordre. A sa création en novembre 1920, l’ordre fondé par Blanchard s’appelle l'Union Générale des Martinistes et des Synarchistes ou Ordre Martiniste Synarchique, puis l’année suivante ce nom devient Ordre Martiniste et Synarchique (O.M.S.). Cet ordre avait peu d’activités, car Blanchard s’occupait plus de l’ordre des Polaires, dont il deviendra le grand maître en 1933, que du martinisme. Ce n’est qu’en 1934, avec la F.U.D.O.S.I., que l’O.M.S. a commencé ses activités. Ces dernières se limiteront à la transmission d’initiations données dans le temple des Polaires, 36 rue Junot, car l’OMS n’avait pas de loge. En 1939 l’O.M.S. est rapidement rentré en sommeil, car ses membres, lassés par l’inactivité de l’ordre, avaient tous rejoint l’Ordre Martiniste Traditionnel (O.M.T.)
    Pour ce qui est des groupes se revendiquant actuellement de l’O.M.S. il faut savoir qu’ils se placent dans la lignée de Pierre Bentin. Ce dernier était un membre de l’O.M.T. à Londres. En 1958, il voulut s’émanciper de l’autorité de Ralph M. Lewis, le souverain grand maître de l’O.M.T., et demanda une charte à Emile Dantinne et Jean Mallinger. Or, ces derniers avaient quitté l’O.M.S. en 1939 pour rejoindre l’O.M.T. qu’ils quittèrent en 1946 pour fonder l’Ordre Martiniste Universel (O.M.U.). En 1958, c’est Edouard Bertholet était alors le grand maître de l’O.M.U. et la charte que L. Bentin reçut de ce dernier n’était donc pas pour l’O.M.S mais pour l’O.M.U. Cela n’empêchera pas Louis Bentin (Sar Gulion) de se réclamer aussitôt de l’O.M.S. et de fonder les groupes qui existent actuellement... Etonnant !

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  4. Je vous remercie Cher Christian et fidèle abonné, d'avoir adressé votre commentaire.
    Mieux qu'un commentaire, une véritable contribution qui mérite d'être publiée dans l'article même, ce que je fais avec votre fraternelle autorisation.
    A bientôt !

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  5. Tantôt Pierre, tantôt Louis Bentin ??? Que vous vous interrogiez est légitiment mais que concluez à leur place sans savoir est … hors de propos. Pratiquez la charité Chrétienne et la courtoisie qui va de pair : cherchez en anglais et persévérez ! Il vous sera peut être donné d’avancer dans la docte ignorance !
    In Corpus Christi
    Eques ab AS

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  6. Je vous remercie, Paula, d’avoir adressé votre commentaire mais nous sommes bien d'accords, il répond à Christian et au contenu de sa contribution ?
    Je n'ai pas les moyens de lui transmettre vos observations (aiguisées quelque peut, tout de même...)j'espère qu'il reviendra sur ce thème et qu'il vous répondra : il n'est pas trop tard pour nous amener un peu plus de lumière !
    A bientôt

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