J.C. - Vous êtes à l'origine de la découverte de manuscrits
provenant des archives des Philalèthes, archives qui contenaient entre autres
plusieurs versions du Traité sur la réintégration des êtres de Martinès de Pasqually, et
vous avez fait un exposé sur ces découvertes au colloque de Marseille en 2009,
n'est-ce pas ?
A.M. - Oui, ce fut une découverte un peu inespérée,
et c'est avec l'aide de mon ami Pierre Mollier que nous avons fait cet exposé à
Marseille lors du colloque consacré à Martinès de Pasqually (ICI). Il y avait aussi
des manuscrits de Louis Claude de Saint-Martin et autres personnages de l'entourage de
Martinès. Ces nouveaux documents apportent beaucoup à la connaissance de
l'influence de Martinès sur ce milieu, et sur le rôle des Philalèthes comme
conservatoire d'un savoir maçonnique et ésotérique avant la Révolution.
A l'époque il avait consacré une étude très originale au collectionneur Stanislas de Guaita, sans doute le plus grand collectionneur de livre rares d'ésotérisme, et ce travail était resté inédit, ce que je trouvais fort dommage vu l'intérêt du texte. Il a accepté très gentiment que je puisse publier un petit tirage de luxe de cette étude afin de la diffuser auprès des amateurs. Le titre singulier est: Notules sur l’art de distinguer les ouvrages provenant des bibliothèques de Monsieur Stanislas de Guaita, paru en 1998 à L'intersigne. C'est un petit manuel très utile pour les collectionneurs qui recherchent des exemplaires ayant appartenu à ce bibliophile émérite de l'ésotérisme.
A.M.-Ce choix correspond malheureusement à l'évolution de
notre profession de libraire. C'est un sujet sur lequel je réfléchis depuis
longtemps déjà, et j'ai écrit plusieurs articles depuis les années 2000
sur la révolution numérique et ses conséquences. Celle-çi a
bouleversé l'activité classique du libraire. De plus, du fait d'une
mutation de la société, l'activité très particulière du commerce des livres
"anciens et rares" touche de moins en moins le grand public; il n'est
donc aujourd'hui plus nécessaire de maintenir un commerce sur rue, pour un
grand public qui n'est pas concerné par ce type de livres. C'est d'ailleurs une
tendance forte aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans. Les libraires d'ancien
comme moi vendaient déjà principalement par catalogue bien avant l'arrivée de
l'internet, mais ce nouveau moyen de diffusion a bien entendu accéléré la
possibilité de "vente par correspondance" pour ce type particulier de
livre. Aujourd'hui je vends donc principalement par correspondance, bien
entendu toujours par catalogue, et aussi sur rendez-vous..
A.M. - Je pense que le livre ancien rare et précieux va garder tout son intérêt de collection, mais auprès d'un public de plus en plus réduit, constitué d'amateurs éclairés, de gens cultivés et aisés, et d'institutions publiques et bibliothèques. Par contre, le livre ordinaire de documentation vit sans doute sa dernière décennie, car le numérique va inéluctablement remplacer petit à petit le support papier. Vous comprenez, un livre du XVIIe siècle en plein cuir avec ses dorures restera un bel objet de convoitise. Mais il sera plus difficile de reconnaître un intérêt de collection pour un livre broché des années 60 sur un mauvais papier, sauf s'il est dans une version de luxe avec des critères bibliophiliques. Une personne qui recherche un texte se préoccupe peu de savoir comment est l'exemplaire, numérique ou papier peu importe, seul le bibliophile porte un intérêt à la qualité de l'exemplaire, et ce bibliophile n'est pas un lecteur ordinaire.
Alain Marchiset, Libraire-Expert
150 rue de Rennes, 75006 Paris
E-mail: intersigne@noos.fr
Site : http://www.livresanciens.eu
Blog : http://intersigne.blogspot.com
membre du SLAM - ILAB affiliated - affilié à la LILA
membre de la Cie Nationale des Experts
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