J’ai une grande admiration et un profond respect à l’endroit de Friedrich Kleuker, 1749-1827, Pasteur, théologien, historien, mais surtout grand théosophe allemand. Connu pour sa traduction du Zend-Avesta, il a produit un ouvrage proche de l’excellence, Le Magikon.
Crédit photo : philosophe-inconnu.com
Ce livre demeure ignoré du grand public car il n’a malheureusement pas été édité dans notre langue. Ne pratiquant pas celle de « nos cousins germains », je me réfèrerai donc aux travaux du professeur Antoine Faivre et davantage encore à l’article qu’il a publié sur le site-internet du Philosophe Inconnu.
Le Magikon présente à mes yeux trois caractéristiques remarquables.
• Un corpus habile et surtout fidèle, en deux grandes parties. Kleuker s’attache à faire une présentation assortie de commentaires des deux œuvres de Louis-Claude de Saint-Martin, Des Erreurs et de la Vérité , et du Tableau naturel ; puis il se livre à une critique objective, intelligente en avançant parfois ses propres propositions lorsqu’il se détache des conceptions du « Philosophe Inconnu ».
• Une vision prospectrice exceptionnelle. Alors que Saint-Martin ne connaîtra Jacob Boehme que des années plus tard, Kleuker est le premier à établir le rapprochement entre les deux théosophes. La bonne graine était donc déjà en germe avant 1784 ! Le « virage » pris par Saint-Martin n’est pas le fruit exclusif (une découverte) de la rencontre Salzmann-Boecklin mais un cheminement, le résultat de sa propre et patiente évolution. C'est troublant lorsque l'on sait que ces deux premiers livres sont tous deux voilés, sous influence directe de Martinès de Pasqually...
De même, dans les commentaires qu’il expose, Kleuker se verra confirmé par les ouvrages à venir du théosophe d’Amboise.
● Un certificat de rectitude dans la démarche, ce qui aurait pu se révéler un lourd handicap se métamorphosant en heureuse opportunité : Kleuker croit avoir affaire à… deux auteurs différents ! Si l’on a pris soin d’estimer à sa mesure la caractéristique précédente, il faut lui accorder un prodigieux sens de l’analyse, allié à un flair redoutable ! Quand à Saint-Martin, ce n'est qu'en 1792 qu’il apprendra l'existence du Magikon !
Du faux-vrai plagiaire De Maistre , en passant par l’ambigu Le Forestier, sans oublier le méritant et honnête Matter, le magistral Franck, c’est à Kleuker que vont mes faveurs.
Merci pour cette très belle analyse,
RépondreSupprimerQui est le "faux-vrai plagiaire de Maistre" auquel vous faites référence en fin d'article ?
Bien amicalement
Jean.
De Maistre lui-même, qui dans ses oeuvres reproduisit allègrement sans le nommer, Saint-Martin.
RépondreSupprimerBien utile, cette analyse ! J'avoue que je ne connaissais Kleuker que de nom.
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